Les couples s’essoufflent. Il y apparaît du tirage et du tangage. L’on y entend des reproches, des plaintes, des critiques... Et bien souvent l’on y entend aussi des propos du type "Avec toi, c’est toujours la même chose !" Et cette conclusion est souvent suivie d’une avalanche de reproches, d’insatisfactions, de déceptions, de douleurs, de plaintes.
Les conseillers conjugaux et les thérapeutes de couple ont bien raison d’inviter les partenaires à mieux identifier leurs émotions et leurs besoins, et bien souvent, aussi, à identifier les éléments du "problème" conjugal d’aujourd’hui qui proviendraient de diverses souffrances, de divers traumatismes vécus lors de leur enfance. Ce sont des pistes de travail fécondes, susceptibles d’améliorer le tissu relationnel des partenaires du couple.
Néanmoins, dans un nombre de cas, les partenaires en couple restent insatisfaits, déçus, en peine, en colère, et la perspective du divorce apparaît au point d’y aboutir dans 50 % des couples. Hé oui, l’entreprise "couple" est mal agencée dans la moitié des cas, au moins (certains couples décident en effet de ne pas divorcer mais concluent que le mariage n’est qu’un mirage, et que ses réalités sont très éloignées des anticipations et des rêves).
On peut ainsi remarquer qu’un grand nombre de couples se constituent sans se donner la structure associative susceptible de leur apporter les bonheurs attendus. Il semble qu’un grand nombre de couples se constituent quasi uniquement sur la base de l’attraction, de l’attirance, de la séduction.
Or, "se mettre en couple" constitue bel et bien une association. Et toute association se voulant à la fois réussie et durable se donne une structure représentée par le contrat d’association. Ce contrat doit être conçu de façon très différente du contrat notarial le plus souvent établi, et qui n’est rien d’autre qu’un contrat de divorce.
Le contrat d’association utile, et donc productif de bons résultats, doit comporter l’énoncé suffisamment détaillé de ses éléments principaux qui sont :
Une telle série de constituants devrait prendre sa source dans la conception même que se font, chacun pour soi, les partenaires du couple, de ses propres buts en termes de bonheur existentiel.
Autrement dit, il y a peu de chances que l’on se donne un projet de couple à la fois bon et réalisable si l’on ne s’est jamais penché sur la question du type : "Quel de genre de vie faut-il que je me donne pour pouvoir, le jour de ma mort, être le seul à rire ?"
Si l’on a sérieusement pris la conduite de sa vie en mains, en l’alignant sur l’allure de son déroulement et de sa fin souhaités, il pourra en découler au moins l’esquisse du type, du contenu, de la forme de couple dont on aura besoin pour ajouter, contribuer, au succès de sa propre vie.
Les éléments principaux d’un bon contrat de couple se répartissent en une vingtaine de rubriques :
Les buts de l’association - Les sécurités convenues comme nécessaires - La délinéation des territoires : mon territoire, ton territoire, notre territoire, notamment en regard des territoires de nos familles d’origine : les établir et en faire reconnaître et respecter les frontières - Le système d’autorité à mettre en place : qui a quel pouvoir sur quoi ? Et donc, dans quel cas l’un des deux peut décider seul - La liste complète des diverses tâches requises pour l’organisation de la vie quotidienne - L’amour : qui doit fournir quoi, comment, combien - La tendresse : qui doit fournir quoi, comment, combien - La solidarité, la complicité : à manifester de quelle façon - La sécurité émotionnelle - L’alliance : quelles en sont les manifestations désirées ? - L’intimité physique : la sexualité et les limites territoriales personnelles - Sollicitude et prévenances : lesquelles, comment, combien ? - Les amusements, loisirs, passe-temps, surprises : y en a-t-il à exclure ? - La finance : la nature exacte des conventions financières, et en particulier, la façon de gérer l’argent. Par exemple : entretient-on une caisse commune ? Comment sera-t-elle alimentée ? Ou est-ce que l’on adopte la formule "Tout ce que je possède et tout ce que je gagne est à nous deux" ? - L’inclusion de l’autre dans ma carte du monde, mon inclusion dans la carte du monde de l’autre : à quel degré est-ce que je quitte mon célibat ? - La vie spirituelle, les rapports avec la religion - Les choix concernant la mort et les funérailles. - L’accord sur les modalités de résolution des conflits, des problèmes - Détecter les manques archaïques chez l’un et l’autre et décider si l’autre prend la responsabilité de les combler - La bonne humeur, l’enthousiasme, la curiosité : leur place, leur degré de priorité, leurs qualités - Choix d’exclure, irrévocablement, le divorce, quoi qu’il arrive.
Outre ces éléments de la constitution du couple, il sera nécessaire d’établir et de fortifier ce que j’appelle l’art et la règle de la demande. Il s’agit d’une règle simple : tout malaise, reproche, colère, déception, souffrance, irritation, ..., ne peut jamais se dire, mais DOIT se traduire par une demande. Une demande explicite le changement conduite que l’on souhaite voir adopter par l’autre, et se termine nécessairement par la demande : "Vas-tu le faire ?" ou "Vas-tu désormais t’abstenir de le faire ?"
Tous ces éléments forment, au final, la charpente du couple. Le degré d’adéquation de cette charpente procure les plus solides garanties de durabilité du projet du couple.
C’est cette garantie de durabilité qui fournit la base du rejet du divorce, quoi qu’il arrive.
Les couples qui se donnent une bonne charpente sont non seulement solides et durables : comme dans la maison du troisième des trois petits cochons, l’on y chante et l’on y danse, parce que le loup n’a aucune possibilité d’y faire irruption.
CEPSI, s.a. (Centre d’Études Psychologiques des Systèmes Interpersonnels, anciennement l’Atelier Transactionnel).
Salomon Nasielski est psychologue, psychothérapeute en pratique privée, formateur de psychothérapeutes. Salomon a été un des pionniers de l’AT en Europe.
Il a acquis des formations approfondies dans les Quatre Écoles classiques de l’Analyse Transactionnelle, auprès de leurs formateurs, à l’occasion de nombreux stages résidentiels.
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