La dépendance affective est une fixation mentale, qui empêche les personnes concernées de reconnaître leurs besoins fondamentaux et d’affirmer leurs limites affectives dans leurs relations intimes. Si elles vivent avec un narcissique, elles ne demandent pas d’amour, de respect et d’attention, mais elles nourrissent et narcissisent leur narcissique. Dans ce cas-là, elles souffrent du syndrome d’Écho.
Dans la mythologie grecque, Écho est une nymphe des montagnes, condamnée par Héra, la femme de Zeus, à ne pouvoir parler, si ce n’est que pour répéter les derniers mots des autres. Écho tombe amoureuse de Narcisse, qui est condamné à aimer sa propre image. Évidemment, son image ne peut pas l’aimer. Mais Narcisse rejette Écho, qui croit que c’est de sa faute, puisqu’elle ne peut que répéter ses derniers mots. Les deux finissent par mourir de cette passion qu’ils ne peuvent pas assouvir.
Le terme « échoïsme », a été introduit pour la première fois en 2015, par le psychologue américain Craig Malkin dans son ouvrage « Rethinking Narcissism ». Titre traduit en français par « Repenser le narcissisme ». Ce terme a été transformé par d’autres psychologues en syndrome d’Écho. Cette dernière notion, nous permet d’avoir d’autres points de vue sur la population conditionnée par la dépendance affective.
Écho représente les personnes qui, ayant vécu une expérience traumatisante avec un parent narcissique et avec un autre dépendant, sont restées bloquées dans l’enfance. Elles n’ont pas pu incarner leur autonomie psychoaffective. Dans leur vie d’adulte, elles luttent pour leur survie matérielle et psychoaffective, car elles sont incapables de s’exprimer à partir de leur être authentique. Elles s’expriment à partir de leur faux self, qui ne fait que suivre les désirs de l’autre. Elles n’agissent pas non plus de manière adulte car elles n’ont pas la capacité de fixer des limites affectives. Elles entretiennent donc des relations symbiotiques avec leur partenaire et avec leurs enfants. Souvint, elles tombent amoureuses de personnes narcissiques.
Les personnes qui souffrent du syndrome d’Écho, vivent dans un état de régression d’âge dû à leur insécurité ontologique. [Du mot grec Ontos qui signifie être]. Cette insécurité a été générée dans l’enfance par des parents immatures qui ont interrompu leur évolution vers leur autonomie psychoaffective. Ces enfants, devenus adultes, peuvent devenir narcissiques ou dépendants affectifs. Ces derniers ressentent un manque d’amour ou d’incomplétude qui les pousse à chercher une relation fusionnelle pour se construire. Les personnes souffrant d’échoïsme, manquent d’estime personnelle, ainsi que de la capacité de discerner ce qui est inacceptable dans une relation intime, car elles oublient leurs frontières psychoaffectives et leur besoin d’ARA : Amour, Respect et Attention. L’échoïsme est donc une confusion d’identité. C’est une « hypnose identitaire » dont peuvent se réveiller tous ceux qui en souffrent. La question se pose :
Les parents qui produisent chez leurs enfants, une interruption de leur évolution vers leur autonomie psychoaffective, instrumentalisent leurs enfants inconsciemment. Ces parents n’aiment pas leur enfant pour ce qu’il est, mais pour ce qu’ils désirent qu’il soit. Étant donné qu’ils sont aussi bloqués dans l’enfance, ils tentent de soigner leur propre insécurité ontologique, de remplir leur manque psychoaffectif et leur vide existentiel, en donnant à leurs enfants un « rôle hypnotique ». Ils transgressent les limites psychoaffectives de leur enfant en faisant de lui « leur objet interne ». Par exemple, ils font de leur enfant le porteur de leur frustration inconsciente, l’accomplissement de leurs rêves inaboutis, l’instrument par lequel ils peuvent transformer leurs échecs en succès, leur humiliation en victoire et leurs frustrations en bonheur. Leur enfant est entraîné ainsi à ignorer sa réalité essentielle et il commence à occuper l’espace illusoire créé par ses parents. Par conséquent, il doute de lui-même et adopte un « faux self ». C’est un « personnage psychique » que chacun adopté en réaction au doute ontologique produit par l’instrumentalisation de nos parents.
Au départ, le besoin fondamental d’un bébé est la connexion avec sa mère. Mais sur un plan psychologique, l’enfant a besoin d’être reconnu comme étant lui-même, il a besoin d’être aimé pour ce qu’il est. Il a besoin du respect de ses frontières psychoaffectives. Il a besoin de communiquer, d’être pris en considération, d’être informé, d’être apprécié pour ses capacités innées. Il a besoin de recevoir un amour constant et fiable qui lui permettra de s’individualiser et de se séparer de ses parents et d’évoluer vers son autonomie.
Un parent adulte est vraiment présent s’il incarne son autonomie psychoaffective et émotionnelle. Un parent adulte distingue l’individualité unique de son enfant de la sienne propre, tout aussi unique. Il est vraiment-là pour son enfant et lui donne toute son attention, surtout les premières 3 années de sa vie, lorsque son bébé est complètement dépendant de lui. Le nourrisson reconnaît la présence de sa mère par son énergie et par ses gestes rassurants. Une mère adulte écoute le besoin légitime de son enfant. Elle est à l’écoute de son besoin de contact et le nourrit quand il a faim. Elle aime son enfant inconditionnellement. C’est-à-dire qu’elle ne s’approprie de lui pour en faire « son objet ». Un parent adulte n’est pas permissif, mais il enseigne à son enfant à réguler ses émotions. Il utilise une tonne de voix ferme et apaisant, qui permet à l’enfant de comprendre que certaines règles doivent être respectées. Il prend du temps pour fixer et les limites d’une façon adulte et crée un cadre psychoaffectif sécuritaire pour son enfant, lui permettant d’évoluer vers l’autonomie.
Elle l’accompagne dans son processus de séparation et d’individuation, afin qu’il puisse poursuivre son évolution vers son autonomie. Elle respecte ses propres besoins fondamentaux et ses propres frontières psychoaffectives autant que ceux de son enfant. Les parents adultes aident leurs enfants à évoluer sans les infantiliser, ni les idéaliser, ni les instrumentaliser, ni les engloutir, ni les négliger, ni les maltraiter. C’est ainsi que les enfants évoluent vers leur autonomie. Dans leur vie adulte, ils seront capables de respecter leurs besoins fondamentaux et leurs frontières psychoaffectives, ainsi que ceux des autres.
Un parent vraiment adulte, ne fait pas de son enfant « son objet interne », ni ne projette sur lui ses fantasmes inconscients, ni ses insuffisances. Il n’utilise pas son enfant pour réparer son vide psychoaffectif ou existentiel. Il ne lui impose aucun un rôle hypnotique. Il ne fait de lui ni son père, ni sa mère, ni son sauveur, ni son compagnon de substitution, ni son bouc émissaire. Il ne viole pas les frontières psychoaffectives de son enfant en lui faisant porter sa rage. Il ne crie pas sur lui pour se faire écouter, ni ne menace l’enfant de lui retirer son attention et son amour, pour qu’il apprenne à obéir. Il ne demande pas à son enfant de refouler ses émotions. Il n’abandonne pas son enfant par son manque de présence.
Si un parent n’a pas développé son autonomie psychoaffective et émotionnelle, il agit en fonction de son programme d’enfance. Bien qu’il soit un parent aimant, il ne peut pas offrir à son enfant un sentiment de sécurité.
Il empêche son enfant de se séparer de lui et de s’individualiser.
Voici les types de parents qui produisent de l’insécurité :
Le parent surprotecteur empêche son enfant de recevoir des informations du monde extérieur, d’entrer en conflit avec la réalité et de surmonter ses propres épreuves. Ce parent ne fixe pas de limites claires, ni de règles sécurisantes. Il idolâtre son enfant, l’idéalise ou le place sur un piédestal et le prend pour quelqu’un qu’il n’est pas. Il se dit que l’enfant est merveilleux, qu’il ne peut pas se faire de mal, ni ne peut faire de mal à quelqu’un d’autre. Il « narcissise » son enfant en lui disant qu’il est spécial et intelligent, qu’il peut faire tout ce qu’il veut.
Le parent qui aime « trop » son enfant, crée une interaction fusionnelle avec lui. Il entretient un attachement malsain avec son enfant en lui attribuant le rôle de maman, de papa, du conjoint ou de sauveur, pour remplir son propre vide psychoaffectif. Il infantilise son enfant. Il viole les frontières psychoaffectives de son enfant. Il s’oppose au processus naturel d’individuation et de séparation. Il peut être incestuel ou psychologiquement castrateur.
Le parent affectivement absent narcissique est dissocié de ses émotions. Il ne peut comprendre ni les émotions de son enfant, ni son besoin de présence. Il demande implicitement à l’enfant de lui fournir le ravitaillement narcissique dont il a besoin pour exister. C’est-à-dire qu’il fait de lui son papa, sa maman ou son admirateur, en lui faisant croire qu’il est spécial, omniscient ou tout-puissant. Il confond son enfant avec un « objet mental interne ». C’est-à-dire qu’il fait de lui, un élément de son propre psychisme. Ou encore, il idolâtre son enfant et lui impose le rôle de « prolongation phallique » ou « d’extension de son identité ».
Les parents dépendants à l’alcool, aux drogues, aux médicaments, ainsi que les parents qui présentent une addiction aux plaisirs rapides comme les jeux d’internet, génèrent chez leurs enfants une instabilité chronique, ainsi qu’une addiction.
Le parent qui maltraite physiquement son enfant, en fait son bouc émissaire. Il le bat sans pitié, l’humilie, le dévalorise, le dénigrer et l’insulte sans regrets. Il peut abuser sexuellement de lui comme si l’enfant était sa chose.
Pour survivre au traumatisme d’attachement et de trahison, généré par ce type de parents, l’enfant se dissocie de son vrai Soi et adopte un « faux self » qui correspond au rôle que le parent qui l’a instrumentalisé lui force à adopter. Dans cette situation confusionnelle, hypnotique et anxiogène, l’enfant ressent un vide intérieur si profond, qu’il demeure bloqué psycho émotionnellement et devient incapable d’évoluer vers son autonomie psychoaffective. À l’âge adulte, la blessure générée par l’instrumentalisation dont il a été l’objet, sera entretenue par ses émotions refoulées qui génèrent addictions et dépendances. Dans sa vie adulte il souffrira du trouble de stress post-traumatique.
Voici les caractéristiques de la personne souffrant de dépendante affective :
Si vous présentez quelques caractéristiques, c’est que vous avez subi un traumatisme d’attachement dans votre enfance, qui vous empêche de vous détacher d’une relation toxique. Probablement que l’un de vos parents était immature et qu’il a interrompu, inconsciemment, votre évolution vers votre autonomie. Ce parent vous a instrumentalisé(e) d’une certaine manière. Par exemple, vos besoins psychoaffectifs légitimes étaient négligés. Vous n’avez jamais été vu(e) et aimé(e) tel que vous étiez. Peut-être que vous avez été utilisé(e) au nom de l’amour, pour remplir le vide psychoaffectif de l’un de vos parents, surtout s’il était dépendant dysfonctionnel. Ou encore, vous étiez obligé(e) de jouer le rôle « d’extension identitaire » d’un parent narcissique. Actuellement, les conséquences dans votre vie sont que vous continuez à jouer le rôle ou le programme de votre conditionnement infantile. En réaction à votre insécurité ontologique générée par le trauma d’attachement, vous continuez à vous éloigner de votre être authentique.
Vous ressentez un vide intérieur et/ou un manque d’amour que vous essayez de « réparer » en créant des fantasmes irréalistes à propos de l’amour. Vous croyez que l’amour de quelqu’un va enfin vous rendre heureux, ou heureuse. Vous cherchez le bonheur dans tous les endroits où vous ne les trouverez jamais, car l’amour que vous cherchez est infantile. Pour remplir votre vide intérieur ou pour soigner votre manque d’amour, vous développez des stratégies pour être aimé(e). Vous possédez une moindre estime personnelle. Il vous est donc difficile d’affirmer vos frontières psychoaffectives et de les faire respecter. Vous pouvez exagérer votre tendance à vous sacrifier pour les autres. Vous nourrissez leurs besoins compulsifs et essayez de remplir leurs demandes irréalistes, sans écouter vos besoins fondamentaux. Vous vous sentez coupable de demander directement à l’autre ce dont vous avez besoin. Vous pensez que l’autre devrait reconnaître vos besoins sans que vous ayez à les exprimer.
Le thérapeute américain, Ross Rosenberg, auteur du livre « Le syndrome de l’aimant », explique que l’orientation d’une personne narcissique est dirigée vers « Soi », AOS. Le faux self des narcissiques est superégoïste, car leur attention se tourne vers leur faux self. Par contre l’orientation de la personne dépendante est dirigée vers l’Autre, AOA. Mais quand son attention se tourne vers le faux self d’un narcissique, elle ne se témoigne pas d’empathie. Si vous souffrez de dépendance affective, il est essentiel de développer de l’empathie envers vous-même. Le degré de votre dépendance affective est proportionnel à l’attention que vous donnez aux besoins compulsifs de l’autre.
L’échoïsme est un degré plus élevé de dépendance affective dysfonctionnelle. Si vous soufrez du syndrome d’Écho, votre quête insatiable d’amour vous pousse à créer des relations fusionnelles, voire toxiques, avec des personnes immatures dont vous ne recevez que des miettes. Dans le pire des cas, vous tombez dans un cercle vicieux d’idéalisations et de désillusions avec des personnes narcissiques. Si votre narcissique vous demande les trois « S » qu’il exige, c’est-à-dire Sexe, Service et Soutien sous deux formes : l’acceptation de son abus, et l’approvisionnement narcissique. Vous vous soumettez à ses caprices, car vous ressentez une inquiétude profonde d’être abandonné(e) par lui. Alors vous utilisez la séduction et vous rendez « indispensable ». Par peur d’être abandonné(e) par lui, vous devenez son bras droit ou peut-être que vous faites de lui votre associé. Vous devenez son collaborateur ou sa collaboratrice inconditionnelle et son « extension identitaire ».
Vous régressez en âge
Bien que vous soyez adulte, vous vivez en permanence en état de régression d’âge. Par loyauté envers le parent idéalisé, qui probablement était narcissique, vous faites le transfert de ce parent sur votre narcissique. Alors vous vous sentez obligé(e) de lui donner de l’amour, du respect et des attentions, sans tenir compte de vos besoins fondamentaux. Vous croyez que pour exister, vous devez vous dévouer à lui, en lui permettant de vous utiliser. Vous croyez que vous devez être une personne idéale, parfaite, généreuse, aimante, serviable et sacrifiée, au point de vous maltraiter, de vous négliger et de vous renier. Vous ne prenez ni soin de vous, ni ne vous donnez d’attention. Vous vous sur-adaptez à votre narcissique sans tenir compte de vos besoins légitimes. Tout comme vos parents l’ont fait avec vous, vous ne respectez pas non plus vos frontières psychoaffectives. Vous croyez naïvement qu’en échange votre narcissique va vous donner l’amour dont vous manquez. C’est ainsi que vous le narcissisez.
Vous vous soumettez aux « conventions » de la personne narcissique
Vous êtes tellement dépendant(e) de lui, que vous restez longtemps avec lui malgré son abus. Par amour, vous vous soumettez à ses « conventions » non discutées entre vous deux. Vous vous suradaptez aux normes qu’il vous impose. À ses côtés, votre besoin d’amour fusionnel s’exacerbe car le narcissique est psycho émotionnellement absent. Son absence vous déchire. Mais au lieu de tendre la main à votre « enfant intérieur » et d’écouter sa détresse et lui donner votre amour, vous continuez à transférer votre parent idéalisé sur le narcissique ou vous continuez à espérer qu’il vous materne comme il l’a fait au départ. Vous espérez qu’il/elle viendra à votre secours. Cependant, si un narcissique établit son programme inconscient de vengeance, il vous traite avec une indifférence glaciale, car à ce moment il devient un enfant sans cœur, sans aucune empathie affective. Si votre degré d’échoïsme est extrême, vous lui donnez votre pouvoir de vous blesser et vous devenez masochiste. Vous faites une introjection de son abus au point de devenir son clone ou l’extension de son identité. Vous devenez ce qu’il veut que vous deveniez : il vous rend narcissique comme lui.
Le besoin de témoigner de l’empathie à votre « enfant intérieur »
Aussi longtemps que vous continuez à ignorer la douleur de votre « enfant intérieur » vous permettez à votre narcissique de négliger vos besoins légitimes d’ARA : Amour, Respect et Attention. Par contre, votre empathie et mis au service de votre « personnage » dépendant. Vous surprotégez votre narcissique, vous faites de lui votre héros, votre Dieu ou votre gourou. Ou bien, vous en faites votre Madone. Vous travaillez dur pour lui/elle. Vous lui donnez votre maison, vous lui offrez des cadeaux et tout ce qu’il/elle veut. Vous prenez en charge les dépenses de ses vêtements et chaussures, payez les restaurants et divertissements. Vous achetez les voiles de son bateau ou son équipement de ski, et si possible, vous payez ses dettes. Vous faites les courses, cuisinez les repas, nettoyez la maison. Vous vous créez l’idée qu’il y a de la solidarité, de la complicité ou de l’intimité dans votre couple, alors que votre narcissique agit dans le sens contraire et qu’il vous utilise en acceptant tout ce que vous lui donnez. Vous n’obtenez de lui que de la désillusion, car il vous néglige, vous maltraite, vous traite avec une indifférence glaciale et finit par vous abandonner. Sous prétexte d’aimer votre narcissique, votre « faux self » lui permet inconsciemment de faire de vous son « sacrifice aztèque ». Votre Cœur est sacrifié à son « dieu » qui est son « faux self ». En tout cas, dans votre quête d’une relation fusionnelle qui apportera de la couleur à votre vie, votre but inconscient est de ne jamais grandir et de vous sentir petit(e) à jamais, en ruminant votre blessure d’amour.
Voici une histoire que j’ai rédigée m’appuyant sur les enseignements du professeur Sam Vaknin, ainsi que sur ma propre expérience. Elle peut vous aider à comprendre la dynamique narcissique/dépendant.
« La nymphe Écho rêve de trouver un amour idéal qui pourrait enfin lui permettre de s’exprimer, d’exister et d’être heureuse. Elle est victime de sa propre intention, car la croyance que Narcisse peut lui offrir une relation intime, est complètement illusoire. Cependant, elle tombe follement amoureuse de lui. Narcisse n’est qu’un enfant qui adore contempler sa propre image reflétée dans les yeux de l’autre, car il n’aime que sa propre image. Il séduit Écho en la bombardant d’amour, pour en soutirer son ravitaillement narcissique. C’est-à-dire pour nourrir sa propre image grandiose. Il montre à Écho la plus belle image d’elle-même, dans sa galerie de miroirs. Puis, comme une araignée qui tisse sa toile, il crée un environnement qui lui est entièrement dédié, afin de prendre le contrôle sur elle. En idéalisant Narcisse, Écho ne peut pas s’apercevoir de cette trame, car par le pouvoir hypnotique de Narcisse, elle est aussi éprise d’elle-même. Elle se sent tellement exaltée qu’elle est prête à se consacrer à Narcisse, qui commence alors à la materner comme la mère d’Écho aurait dû le faire. En même temps, il devient un symbiote, un enfant « divin » qui fait d’elle une mère « divine ». Pour la première fois de sa vie, Écho se croit aimée inconditionnellement. Elle aime Narcisse comme s’il était son propre bébé. En ressentant une plénitude intérieure dans ce maternage, elle devient la mère de « Dieu ». Ensemble, ils entretiennent une symbiose parfaite, parce qu’ils nourrissent mutuellement le besoin narcissique de l’autre. C’est alors que Narcisse se sent en confiance pour lui faire porter sa blessure narcissique et sa rage inconsciente. Le fantasme partagé vindicatif de Narcisse Précisément au moment où Écho se montre vulnérable et totalement aimante, Narcisse commence à réaliser son fantasme partagé vindicatif. Cela commence par l’intériorisation qu’il fait de sa propre représentation d’Écho. De toute évidence, cette représentation est muette. Comme par hasard, Écho, qui ne s’exprime jamais excepté pour répéter la dernière parole des autres, ne trouve pas sa propre voix dans le cœur de son bien aimé. Si elle ne trouve pas sa voix dans son cœur, c’est qu’il n’a pas de cœur et qu’il ne supporte pas qu’Écho soit autonome. Il doit être plus puissant qu’elle. Alors il l’infantilise et la traite comme un élément de son propre psychisme. L’image qu’il se fait d’elle, est comparable à la représentation qu’il a faite de sa mère toute-puissante, qui l’a blessé. Tel un petit enfant, il prend cet « objet mental » pour la réalité et, en le transférant sur Écho, il ignore la vraie Écho qui se trouve dans la réalité externe. C’est ainsi qu’il projette sa rage sur elle. Il attribue à Écho des phrases, dialogues et intentions tordues qui viennent de son propre esprit. Il attribue à Écho des mots et des intentions qu’elle n’a jamais formulées et des actions qu’elle n’a jamais réalisées. Par ce détournement de faits, il reproche à Écho de faire de lui sa victime ! Même dans ses pires cauchemars, Écho n’aurait pas pu subir une telle manipulation humiliante. Mais totalement inconsciente de ce fait, elle continue à lui donner tout son pouvoir de la détruire. Elle est tellement aveuglée, qu’elle ne se rend pas compte qu’elle vit en état régression d’âge et que son besoin d’amour et sa naïveté jouent contre elle. En profitant de son état hypnotique, Narcisse continue à exploiter et à maltraiter sa nymphe. Il subjugue Écho, jusqu’à la rendre folle ! L’introjection qui fait Écho Écho, qui au départ se sentait aimée, fait une introjection de l’abus de Narcisse. C’est-à-dire qu’elle intériorise son absence affective, sa distance, sa négligence, son rejet, sa façon de l’ignorer, ses accusations implicites ou explicites, ses jugements et analyses, ainsi que son agression passive ou active, le dénigrement et l’exploitation de sa personne, de même que l’asservissement, l’humiliation et la dévalorisation dont elle est l’objet. Narcisse déchire son cœur par ces stratégies perverses, Par cette introjection, elle développe dans son esprit un surmoi punitif du type narcissique. Inconsciemment, elle se punit. Elle est hypnotisée par les messages de Narcisse, qui se répètent dans son esprit comme un écho. Maltraitée par lui, puis abandonnée, elle est traumatisée. Elle reste dans un état de choc, d’instabilité profonde, de chagrin intense et un deuil prolongé. Si par cette défaite, elle ne se réveille pas de sa dépendance, elle reste à jamais vaincue en ruminant à jamais sa perte. Quant à Narcisse, il est vainqueur. Il cherchera une autre nymphe pour répéter son rituel compulsif de prédation. C’est ainsi que Narcisse et Écho recréent leur blessure originelle ». |
Pour remettre en question votre « personnage » et vous réveiller enfin de la dépendance affective dysfonctionnelle ou de votre syndrome d’Écho, il est fondamental d’entrer dans un processus d’apprentissage et de déshypnose.
Il est essentiel d’apprendre à :
« Vous ne pouvez pas choisir comment vous allez mourir, ni quand.
Vous pouvez seulement décider comment vous allez vivre. Maintenant. »
Joan Baez
Prabhã Calderón est coach, enseignante et auteure. Elle apporte une contribution précieuse à la description des mécanismes hypnotiques attachés aux croyances identitaires, à la compréhension des liens entre ces mécanismes et les souffrances individuelles, transgénérationnelles et collectives. Prabhã est l’auteure du livre : « L’enfer narcissique », « Sortez de cette folie hypnotique » Aux Éditions Sydney Laurent. Ses consultations se déroulent en ligne.
Tél. 00 33 647 57 16 28
Courriel : prabha.calderon@orange.fr
Site : https://prabha-calderon.fr/