Jusqu’aux années 50, les écoles de psychothérapie considéraient les problèmes de santé mentale comme le résultat d’une pathologie individuelle.
L’école de Palo Alto, s’appuyant sur l’approche systémique, a crée une rupture épistémologique qui a débouché sur une grille de lecture et une prise en charge des problématiques humaines résolument innovantes. Cette nouvelle perspective a conduit à reconsidérer entièrement la relation thérapeutique, les objectifs du travail, les techniques de changement et par ricochet les fondamentaux éthiques et philosophiques de la relation d’aide.
L’école de Palo Alto a tout d’abord fait sensation - ou peur – en raison de l’utilisation de techniques paradoxales.
Elle a marqué les esprits par ses prises de position hérétiques, par exemple :
« ni l’ancienneté ni la gravité du trouble ne sont un frein à la brièveté du traitement ».
Elle a promu des slogans provocateurs tels que
« Plus ça change, plus c’est la même chose »,
« Le problème, c’est la solution ».
De manière plus fondamentale, cette méthodologie cybernétique du changement vise à interrompre des processus récurrents alimentés par les tentatives du patient pour résoudre sa difficulté. En effet, ce dernier s’acharne à mettre en œuvre des tentatives allant dans le même sens - basées sur une logique linéaire cause-effet-, quand bien même elles aggravent le problème.
Par exemple, une mère exigera de son enfant de mieux travailler à l’école jusqu’au point de constater que son enfant est écoeuré par toute activité pédagogique. La mère se basant sur une logique linéaire du type « si il n’étudie pas, il faut le forcer à étudier », ne pourra prendre de recul et prendre conscience que ses tentatives non seulement conduisent l’enfant à moins étudier mais créent également un problème relationnel entre son fils et l’école et entre son fils et elle.
Le thérapeute bref utilise des stratégies pour amener le patient à faire des expériences concrètes de changement dans sa vie quotidienne, qui vont lui permettre de reconquérir sa liberté d’action et changer la nature de ses relations avec son environnement. Dans notre exemple, la relation du fils avec l’école et du fils avec sa mère. Ainsi, l’école de Palo Alto réfute le concept de pathologie constitutive de l’individu, une interruption d’un processus autoalimenté permettant au système dans son ensemble de retrouver un fonctionnement satisfaisant.
La « thérapie brève » (ou thérapie systémique stratégique brève) est une méthode de résolution des problèmes humains.
La méthode thérapeutique utilisée pour résoudre des problèmes familiaux, des problèmes de couple ou individuels ainsi que la méthodologie du problem solving stratégique pour dépasser des obstacles ou des crises dans les grands systèmes (ministères, entreprises, institutions), elles permettent de trouver une issue dans un temps plus court que les thérapies et les méthodes de changements traditionnelles.
Qu’est-ce qui permet à la thérapie d’agir efficacement, à brève échéance en donnant de résultats durables dans le temps ?
La méthodologie de la thérapie brève permet de mettre de l’ordre dans le chaos que nous ressentons lors de périodes de crise ou dans le flou dans lequel nous baignons quand les problèmes sont multiples ou de longue durée.
En se focalisant sur la résolution du problème le plus aigu lors du démarrage de la thérapie, elle permet aux personnes de reprendre le contrôle de leur vie. La personne ou la famille, plus forte et plus confiante, dépasse ainsi plus vite les autres difficultés ou problèmes, toujours avec l’aide du thérapeute, si besoin.
Le thérapeute tient compte de tout ce qui a été essayé par le passé et qui n’a pas donné de résultats concluants afin de ne pas s’éterniser sur des « tentatives de solution » improductives.
La thérapie avance par objectifs bien définis par le patient et/ou la famille avec l’aide du thérapeute.
La thérapie est active, c’est–à-dire qu’on n’utilise pas les séances pour parler inlassablement des causes présumées du problème mais pour analyser comment le problème se maintient dans le présent, la manière comment les issues sont bloquées et la manière de commencer à dénouer les fils.
Le patient, à la fin de chaque séance, est invité et instruit à mettre en place certaines expériences d’observation et de communication, de manière à rester « en thérapie » pendant la vie courante.
Le thérapeute (avec l’accord du patient) peut aussi faire appel à plusieurs personnes concernées par le problème et sa solution (parents, enfants, enseignants, médecin généraliste ou psychiatre) ; ainsi qu’il peut faire appel à l’équipe thérapeutique (lors de discussions en équipe ou pendant la séance par téléphone interposé).
Sauf interdiction du patient, les séances sont filmées et en cas de blocage de la thérapie, re-visionnées et étudiées par le thérapeute et/ou l’équipe thérapeutique afin de retrouver des pistes de travail efficaces.
De manière à ce que les résultats puissent se stabiliser dans le temps, le thérapeute veille à ce que le patient et/ou sa famille puissent bénéficier d’un changement à la fois émotionnel, cognitif, relationnel et comportemental.
Ceci est un gage de consolidation des résultats.
Par exemple, en cas d’un problème de phobie ou de panique, la personne obtiendra un sentiment de sécurité, tout en sachant comment réagir efficacement dans des cas où malgré tout, la peur commencerait à apparaître. La famille apprendra la meilleure manière de l’aider efficacement à garder son calme. C’est à travers des expériences répétées de récupérer son calme que le patient réussira enfin à se convaincre fondamentalement, que certains contextes jusqu’à là très effrayants, ne le sont plus autant.
Ceci est le cas pour tous les autres problèmes où la peur est sous-jacente (TOC, hypochondrie). Le principe est le même pour d’autres problèmes émotionnels comme les problèmes de violence, dépression, d’instabilité, manque de confiance en soi, problèmes de deuil,…
Le modèle est aussi adapté depuis des années aux problèmes de comportement des enfants et des adolescents, problèmes de couple et problèmes familiaux.
Un autre volet important est celui du domaine psychosomatique : blocages sexuels, douleurs chroniques et chocs émotionnels, qui peuvent être traités, si nécessaire en associant l’hypnose au traitement.
Après avoir exploré les différentes facettes du problème et de son contexte d’apparition, le thérapeute analysera avec le patient les différentes solutions tentées par la personne et son entourage. on fera l’inventaire de « solutions » qui n’ont pas permis de résoudre le problème dans le présent (ou par le passé) ; ceci afin d’éviter de se fourvoyer dans des directions qui se sont déjà avérées improductives ou impraticables.
Le thérapeute proposera des activités, à mettre en place entre les séances, de manière à ce que la/les personnes puissent faire des expériences nouvelles.
Ces expériences peuvent être des choses à observer, à noter, à discuter,… ces expériences, à premier abord anodines, ont néanmoins été soigneusement construites en fonction de chaque personne (thérapie individuelle ou de couple), famille ou groupe.
Lors de leur mise en œuvre, les personnes vivront une expérience émotionnelle corrective qui permettra de sortir du tunnel et puis de trouver une solution ou d’acquérir un positionnement plus confortable dans la situation problématique.
Le thérapeute pourra évaluer avec le ou les patients et/ou la famille l’impact des expériences mises en place entre les séances et affinera les prescriptions en fonction des objectifs.
Un rendez-vous 3 mois après la stabilisation des résultats et 6 mois après ce dernier rendez-vous permettent de s’assurer que le patient a en main tous les outils pour éviter la réinstallation du problème.
La thérapie systémique stratégique brève a été utilisée par beaucoup d’équipes et des professionnels à travers le monde entier dans de situations très diverses : problèmes cliniques, problèmes relationnels, problèmes familiaux, problèmes de couple… ceci avec des enfants, des adolescents et des adultes. Les problèmes relationnels au sein des entreprises, organisations…
Les problèmes concernent :
Troubles liés à la peur :
phobiques, obsessionnels, les TOCs, compulsions, attaques de panique, hypochondrie,
Troubles de l’humeur :
dépression, manie, troubles bi-polaires.
Troubles alimentaires :
anorexie, boulimie, vomiting.
Troubles concernant des état délirants :
des psychoses présumées, paranoia…
Chez l’enfant et l’adolescent
phobie scolaire, dépression, problèmes de comportement, problèmes scolaires, problèmes relationnels, problèmes familiaux.
Chez les familles
problèmes de violence, dépression, problèmes affectifs ou relationnels au sens large, problematiques chez les familles recomposées…
Au sein du couple
problèmes communicationnels, relationnels et sexuelles, problèmes d’infidélité, problèmes de relation en tant que parents, gestion de la relation à la belle-famille ou aux ex-conjoints, relation aux enfants,…
L’entreprise : (variante méthodologie stratégique) problèmes concernant la relation ou la performance, de difficultés de communication, de problèmes de harcèlement,…
Tous les problèmes susmentionnés ont comme caractéristique de créer une grande souffrance et de donner le sentiment de ne plus être en contrôle de sa vie ; les personnes qui le subissent expérimentent la cruelle sensation d’être la proie de la crise, de la violence, de la peur, des sentiments de vacuité, de pensées obsessionnels, d’être la victime de l’autre…
La thérapie vise à la disparition du problème., Au-delà de permettre à la personne de se libérer du symptôme, la thérapie aide les membres de la famille à comprendre le contexte d’apparition du problème et leur donne les moyens de ne pas être en attente passive et fataliste d’une rechute. Elle permet à la famille et/ou le patient de reconnaître le contexte d’apparition du problème et/ou à le maîtriser et/ou à agir efficacement dès que le problème débute.
Beaucoup des problèmes qui nous sont soumis trouvent une solution définitive, d’autres comme certains problèmes psychosomatiques (asthme, eczéma), la douleur chronique et certains autres problèmes dites aigus nécessitent un travail en collaboration avec le médecin traitant, le psychiatre, l’osthéopathe ou d’autres spécialistes, en vue de diminuer et/ou maîtriser les crises,…
Selon nos recherches ainsi que celles de nos collègues à l’étranger nu n’avons pas constater d’aggravation du problème avec cette méthode, ni de rechutes permanente quand un changement a été consolidé avec les séances de suivi (3 et 6 mois).
Une thérapie n’a du succès que quand le thérapeute et le patient ont une bonne relation :
le patient fait une demande au thérapeute et celui-ci met son savoir et expérience en œuvre pour aider le patient à obtenir son objectif. La communication doit être de qualité : le thérapeute propose et explique au patient comment il voit le problème et comment il voit la suite à donner.
Le patient est à l’aise de poser des questions autant sur son problème que sur la thérapie et son déroulement. Le thérapeute utilise des techniques qui permettent au patient d’avancer.
Si la thérapie stagnait, malgré que vous avez mis en place les suggestions en accord avec votre thérapeute, il est alors important de lui en parler.
Vous êtes en droit de lui demander ce que lui a mis en place pour faire que la thérapie avance : étudier le dossier avec des collègues, se faire superviser, etc …
Teresa GARCIA-RIVERA