La vie, la maladie, la mort. Du sorcier au médecin, la guérison fut longtemps affaire de magie, de destin, et d’art. Des forces inconnues étaient à l’œuvre, et il fallait les comprendre et les domestiquer. Avec plus ou moins de bonheur, plus ou moins de pertinence dans les observations, des tentatives d’explication de l’humain et de ses maladies vinrent au jour au fil des siècles dans toutes les civilisations, chacune compatible avec le système culturel et le niveau des connaissances de l’époque.
La médecine moderne, dont le rôle est de traiter les maladies au mieux du savoir scientifique avec des moyens qui sont censés avoir fait la preuve statistique de leur efficacité, repose sur des postulats généralement acceptés mais discutables :
L’humain est naturellement normal et en bonne santé, la maladie est une anomalie qu’il convient de combattre.
Il faut chercher les causes des maladies et les traiter pour annuler leurs effets.
Pour comprendre quelque chose de complexe, il faut le découper en parties suffisamment simples pour être comprises une à une.
La maladie est une entité définissable, et la même maladie requiert le même traitement.
Les mérites de la médecine moderne sont d’avoir exploité à fond les possibilités de ces façons de penser, avec parfois d’excellents résultats. Sa honte est d’être actuellement plus liée à la finance qu’à la philosophie, à l’industrie qu’à la recherche fondamentale, au pouvoir politique qu’à la connaissance de l’humain.
Il nous est venu à l’idée de retourner ces postulats de la médecine moderne, à la suite des penseurs qui l’avaient déjà fait dans leur domaine :
La théorie des systèmes (Von Bertalanffy) et l’approche systémique (Joël de Rosnay) nous enseignent que l’humain peut être considéré comme un système complexe en adaptation dynamique dans son environnement, et que le tout est plus que la somme des parties. Donc qu’on ne peut découper l’humain pour le comprendre au risque de perdre sa complexité qui le rend précisément humain.
Tout comportement du système est donc compris dans son contexte, et comme le considère l’école de psychologie de Palo Alto, il n’y a pas de pathologie mais des tentatives d’adaptation de la part du système. C’est le principe d’intention positive, décrit en Programmation Neuro-Linguistique (PNL) par Robert Dilts. Dans le domaine de la santé, les symptômes ne sont plus considérés comme des anomalies indésirables mais comme des efforts de survie qui doivent être compris dans leur contexte. Tout symptôme a donc ou a eu dans le passé une fonction utile, même si une fonction utile à un niveau du système peut être dangereuse à un autre niveau.
Le rein, par exemple, est capable de produire des substances qui augmentent la pression artérielle lorsqu’il ne reçoit pas assez de sang. Cette fonction utile au niveau locale devient dangereuse pour l’organisme si le problème se trouve être un obstacle sur l’artère du rein, obstacle sur lequel la tentative d’adaptation du rein n’a pas d’effet. Le rein va alors persister dans ce qu’il sait faire pour avoir plus de sang, à savoir augmenter la pression artérielle de tout l’organisme, au risque de léser d’autre organes comme le cerveau, ou le cœur.
La solution, chirurgicale, consiste à lever l’obstacle de l’artère rénale.
Comprendre les symptômes de façon dynamique et systémique, agir au niveau de la solution et non du problème sont les enseignements de l’approche systémique.
La Naturologie s’attache à utiliser et développer des outils adaptés à chaque niveau du système humain, c’est à dire les niveaux matériel, structurel, fonctionnel, régulateur, adaptatif, volontaire, et collectif.
Si la science médicale est performante au niveau matériel, bien des choses restent à faire aux autres niveaux, et tout particulièrement dans une approche intégrative de ces différents niveaux, en prenant en compte une autre loi systémique qui veut que les niveaux d’organisation inférieurs soient régulés par les niveaux supérieurs, et ceci bien que les niveaux supérieurs ne puissent se substituer aux niveaux inférieurs.
Dans une entreprise par exemple, autre système complexe, le directeur commande les employés sans être capable de les remplacer, tout comme le cœur est commandé par le système nerveux mais irremplaçable dans sa fonction.
Selon ce point de vue, il serait inutile de vouloir soigner une personne se plaignant de tristesse exagérée (étiquetée "dépressive"), donc affectée au niveau adaptatif, par la prescription d’une molécule chimique au niveau matériel. Les solutions consistent plutôt à travailler aux niveaux volontaire et collectif. Des essais médicaux qui utilisent comme critère objectif le taux de
tentatives de suicide chez les dépressifs confirment ce point de vue.
"La carte n’est pas le territoire", est la phrase la plus citée d’une œuvre qui a influencé de nombreux domaines et qui pourtant reste méconnue, la Sémantique Générale de Korzybski. À sa suite, nous disons que nous pouvons observer des symptômes, des comportements chez une personne, mais pas de "maladie". Car la maladie est l’interprétation du médecin, non la réalité de la personne. De manière pragmatique, et à la façon du modèle de Bruges des thérapies brèves, nous nous intéressons uniquement à la réalité observable, et non à nos interprétations.
Pour nuancer notre position et rendre admissible cette opinion, nous rappelons que les diagnostics médicaux sont utiles, et d’autant plus qu’ils sont des descriptions de la réalité. Les diagnostics de grossesse extra-utérine, d’infarctus du myocarde, de thrombose veineuse, ou de méningite bactérienne découlent de la description anatomo-pathologique des lésions en cause. Leur identification est urgente et souvent vitale. En revanche, l’anxio-dépression, la boulimie, la spasmophilie, la lombalgie essentielle, ou la fibromyalgie sont des étiquettes qui ne sont pas sans rappeler le "principe dormitif" de Grégory Bateson (2) . La personne qui a des manifestations d’anxiété et à qui l’on dit qu’elle est donc anxieuse ou qu’elle a un terrain anxieux n’apprend rien si ce n’est que ça risque d’être difficile d’être une anxieuse et de ne plus avoir de manifestations d’anxiété.
Le schéma est le même pour un "diabétique" dont l’élévation du taux de sucre dans le sang est dû à un surpoids. Nous affirmons que lorsque la science médicale sort de la description anatomo-pahologique, elle perd sa pertinence et doit être remplacée par l’approche systémique. Le naturologue sait utiliser les cartes les plus adaptées aux différentes situation, grâce au recul intellectuel apporté par sa pratique de la sémantique générale, et son habitude d’accepter et d’explorer avec bienveillance les différentes représentations de la réalité de ses
clients.
"Le langage des problème n’est pas celui des solutions" affirme Steve de Shazer, et à sa suite l’École de Bruges des thérapies brèves. Cette affirmation est bien sûr influencée par la systémique et la sémantique générale, mais découle surtout de l’observation d’un homme hors du commun, psychiatre et inventeur de l’hypnose thérapeutique qui porte son nom : Milton
Érickson. Le "sage de Phœnix", tel qu’il était surnommé, a influencé entre autres la PNL, les thérapies brèves, l’école de Palo Alto, et évidemment l’hypnose éricksonnienne.
Sa recherche de la classe des solutions (William O’Hanlon) au lieu de se focaliser sur le problème peut être étendue au domaine de la santé où, là aussi, il est question en Naturologie de permettre une meilleure adaptation de l’organisme, et non de combattre une
maladie.
L’être humain est un système complexe en évolution dynamique dans son environnement. Il
n’y a pas de normalité, mais une diversité nécessaire et bénéfique à l’espèce.
Le discours sur les maladies doit laisser place aux moyens d’améliorer la santé et à l’étude de celle-ci.
Seule une compréhension globale permet de répondre à la demande de la personne. On ne peut isoler une partie de son contexte sans perdre des informations cruciales.
La maladie n’existe que dans le modèle du monde de celui qui fait le diagnostic, la réalité
est que chaque personne est différente, et que la même personne est différente dans le temps, donc qu’un soin ne peut, par nature, être reproductible. Ce qui exclut définitivement la Naturologie du domaine des sciences dites "dures".
DÉFINITION DE LA NATUROLOGIE.
La Naturologie est l’étude du fonctionnement du vivant et la recherche des moyens d’amélioration de ce fonctionnement.
BUT DU NATUROLOGUE.
Le naturologue utilise ses connaissances et ses compétences pour aider le client à obtenir l’objectif que ce dernier s’est lui-même fixé.
FORMATION DU NATUROLOGUE.
Chimie, biochimie, cytologie, histologie, anatomie et physiologie systémiques du corps humain. Relations entre la structure et la fonction. Dysfonctions des systèmes.
Relation d’aide, modification des comportements, approche orientée solutions, structure de l’expérience subjective, approche systémique.
Outils de soins pertinents à chaque niveau du système, issus de la tradition naturopathique internationale et adaptés aux connaissances scientifiques actuelles.
PRATIQUE DU NATUROLOGUE
Le naturologue recueille les données de son écoute et de son observation, et les interprète selon ses connaissances et les buts de son client. Il lui propose alors une démarche concrète en termes de techniques naturopathiques et de modifications du mode de vie. Il accompagne cette démarche et aide au changement par la relation qu’il établit.
Il est fidèle au principe : "premièrement, ne pas nuire". Il s’informe donc des éventuels diagnostics médicaux de son client et connaît les éventuelles contre-indications
médicales de ses techniques. Il n’emploie pas de techniques dangereuses.
Pour le client :
Avoir accès aux soins non médicaux avec l’assurance de rencontrer un professionnel compétent, capable d’une approche globale et respectueuse de ses problèmes, formé à la genèse des solutions aux différents niveaux de complexité de la personne.
Pour les naturologues :
Être formés à répondre à une demande de plus en plus large de soins non médicaux, et y répondre de façon pragmatique, éthique, efficace, et globale.
Avoir un cadre général adaptable de pratique, ou chacun exerce selon sa personnalité et avec ses outils préférés.
Pour les médecins :
Avoir un interlocuteur valable vers qui diriger sans risque le patient qui souhaite bénéficier de soins non médicaux. Un naturologue connaît ses limites pour ne pas outrepasser ses compétences. Dégager ainsi le médecin des demandes variées qui ne sont pas du domaine médical, pour lui permettre de s’investir dans ce pourquoi il a été formé. La profession médicale s’est enfermée dans une spirale de dévalorisation de l’acte en augmentant la quantité de ces derniers. À terme, c’est par la diminution du volume des actes et la revalorisation du savoir médical que le médecin pourra pratiquer son métier sans gaspiller ses compétences.
Pour la société :
Avoir des acteurs de santé publique persuasifs pour la transmission des notions d’hygiène de vie et de prévention des maladies.Cadrer une profession qui existe de facto et qui souffre de l’absence de structure commune.
Contribuer à la qualité de vie, limiter les dépenses de santé en aidant à responsabiliser chacun.
Le modèle médical :
La santé, la "normalité" est une fin en soi. (Ce qui n’est pas pathologique est considéré comme normal)
La base est la connaissance analytique des maladies et la définition de normes dans la population.
La consultation médicale s’articule autour de l’interrogatoire, de l’examen clinique, des examens para cliniques, du diagnostic, et du traitement.
C’est le médecin qui sait ce qu’il faut faire et ce qu’il faut chercher.
La médecine fondée sur des preuves (evidence based medecine) est une science statistique.
Le médecin peut informer, conseiller, prescrire des médicaments ou utiliser la chirurgie pour combattre la maladie.
Le modèle naturologique :
La santé n’est pas une fin en soi mais un moyen pour l’homme d’atteindre les objectifs qu’il s’est fixé.
La base est la connaissance de l’humain comme un système ouvert en évolution dynamique dans son environnement.
L’approche naturologique consiste à apprendre l’histoire de vie du client ainsi que ses objectifs
personnels et de lui proposer des moyens de les atteindre.
C’est le client qui sait ce qui est bon pour lui. Il est l’expert de sa vie.
La naturologie est une démarche subjective, personnelle, et non reproductible adaptée à chaque personne.
Le naturologue dispose de techniques/ressources adaptées à chaque niveau du système humain (matériel, structurel, fonctionnel, régulateur, adaptatif, volontaire, et collectif) pour permettre au client d’atteindre ses objectifs.
Ces modèles sont des manières d’aborder le soin, et un médecin peut parfaitement adopter le modèle naturologique, tout comme, malheureusement, beaucoup de naturopathes ont adopté le modèle médical, en se plaçant en expert et en imposant leur modèle du monde au client.
Or ce modèle médical n’a sa place que dans la mesure où le client n’est plus en état de faire ses choix et qu’il faut décider pour lui (urgence, réanimation, incapacité). De l’avis même d’un professeur de faculté réanimateur : "le diagnostic n’est utile que dans l’urgence, ailleurs, il ne sert à rien".
Savoir à la place des autres ce qui est bon pour eux, devenir indispensable et être reconnu est une position que beaucoup souhaitent avoir. Le naturologue refuse cette attitude car elle est contraire à l’intérêt du client capable de faire ses choix. Ce ne sont pas les outils qu’il utilise qui font le naturologue, mais bien son attitude envers ses clients et son approche systémique des symptômes.
MATÉRIEL
Le corps, ses constituants physico-chimiques, air, eau, nutriments, toxiques. Intervention sur l’environnement, le mode de vie, l’alimentation. Nutrithérapie, oligo-éléments, phytothérapie pondérale, médicament chimique, et chirurgie.
STRUCTUREL
Programmation génétique, anatomie de base. Interventions ostéopathiques et modifications de la structure par l’entraînement. Techniques physiques.
FONCTIONNEL
Physiologie des organes et de l’organisme.Interventions en massage, drainage, entraînement,
exercices spécifiques.
RÉGULATEUR
Mécanismes nerveux et hormonaux visants à l’homéostasie, ou équilibre dynamique.
Interventions en acupuncture, phytothérapie, homéopathie basses dilutions, kinésiologie (Touch for Health, Hyperton X).
ADAPTATIF
Mécanismes nerveux visants à modifier l’état du corps selon les contraintes de l’environnement. Réactions préconscientes à l’environnement.Interventions en kinésiologie (Three in one, Brain Gym), programmation neurolinguistique, hypnose, symbolismes (dont
homéopathie hautes dilutions).
VOLONTAIRE
Mécanismes nerveux visant à générer des actions pour modifier l’environnement à la faveur de l’organisme.
Modèle conscient du monde.Intervention par le colloque singulier, le cadre de la relation, la communication thérapeutique au sens large.
COLLECTIF
L’individu s’intègre dans un groupe et y tient un rôle.
Intervention : prendre en compte les changements induits sur le groupe par les changements de l’individu, l’écologie du système dont fait partie la personne.