La théorie systémique appliquée à la santé mentale, l’éducation, la justice, le social etc.. est apparue aux Etats Unis au début des années cinquante. Le courant de thérapie familiale qui en émerge va intégrer les apports de la pragmatique de la communication, de la théorie des systèmes, de l’information et le vocabulaire de la première cybernétique : retro-actions, homéostasie, régulation, auto-organisation…
Trois grandes tendances marquent ce premier courant :
l’approche interactionnelle, développée par l’Ecole de Palo Alto et centrée sur la résolution des problèmes,
l’approche structuraliste qui cible davantage, avec S. Minuchin, la structure familiale : frontières, rôles, fonctions, règles de communication
et la tendance trans-générationnelle qui tente d’intégrer psychanalyse et systémique. Mais l’accent reste mis sur l’ici et maintenant et les systèmes observés. La notion de contexte, telle qu’elle a été définie par G. Bateson, est prédominante.
A partir des années 80 se développe en particulier en Europe un mouvement basé sur la cybernétique dite de second ordre qui affirme, à la suite de H. von Foerster, que l’observateur fait partie du système qu’il observe (système observant). D’autres notions comme celles : d’esthétique, d’appartenance, de mythe familial, systèmes de croyances, ambiance émotionnelle, compétences familiales… sont prises en compte. L’idée centrale étant que toute connaissance est co-construite.
Ce courant donnera également naissance à partir des années 90 au constructionnisme social et à la méthode narrative. Ces nouvelles approches prennent en compte la dynamique temporelle, l’histoire familiale et celle du sujet.
Ainsi la thérapie familiale recouvre des pratiques très différentes et qui ne cessent d’évoluer.
Le point commun est l’importance donnée au contexte et l’idée que pragmatique et esthétique doivent rester complémentaires. Dans toutes ces approches le patient n’est pas tant le sujet considèré comme désigné mais un mode de fonctionnement dans un contexte donné qui peut être changé.
Yveline REY
Yveline REY est professeur émérite des universités en psychologie clinique.
Psychologue, thérapeute de couple et de famille. Elle est, depuis 1985, directeur scientifique du CERAS de Grenoble (Centre d’Etudes et de Recherches sur l’Approche systémique). Formée aux Etats Unis dans les années 1975-76, elle est diplômée du Mental Research Institute de Palo Alto et de l’université de Stanford (Californie).
Elle a publié vingt cinq articles dans des revues spécialisées, et une dizaine de chapitres dans des ouvrages collectifs consacrés à la thérapie familiale. Elle a aussi organisé plus de trente colloques dont un congrès international à la cité des sciences de la Villette à PARIS en 1990.
Ses principaux ouvrages sont :
Rey Y. (sous la direction de) (1983). La thérapie familiale telle quelle. De la théorie à la pratique. ESF ed. Paris, rééd. 1988.
Caillé P. et Rey Y. (1988). Il était une fois… Du drame familial au conte systémique, la méthode narrative en systémique. ESF. Ed. Paris, rééd. 1998.
Rey Y. et Prieur B. (1991). Systèmes, éthique, perspectives en thérapie familiale. ESF. Ed. Paris, 1991.
Caillé P. et Rey Y. (1994). Les objets flottants, au delà de la parole en thérapie systémique. ESF. Ed. Paris, rééd. 1996.