Les ruptures familiales ont toujours été des moments charnières, souvent difficiles, parfois très douloureux. Dans les situations de divorce, la justice traite de violences individuelles, elle s’organise autour de la relation de culpabilité et de châtiment.
La médiation est un outil pour qui permet de tenter de résoudre un conflit entre deux personnes. Cet outil est utilisé en cas :
de séparation du couple
de difficultés majeures entre une jeune adulte et un parent
de difficultés majeures entre personnes de générations différentes
de difficultés majeures entre membres d’une même fratrie.
A travers une étude rationnelle des faits, elle prend sa décision finale pour choisir la sanction nécessaire au rétablissement de l’ordre dans la société. Il n’y a pas d’espace pour accueillir le désordre.
Lors du processus de séparation des séquelles psychologiques se mettent en place De l’amour on passe à la trahison, aux mensonges, à la violence des mots et des gestes, au déni de l’autre, à la vengeance, à la déstructuration voire la désocialisation. Les enfants sont pris dans un conflit d’adultes qui les dépassent. Ils sont inquiets, la peur de l’abandon s’installe et ils vont habiter avec papa ou maman. Comment faire avec tous les sentiments ambigus : « puis-je encore aimer ce papa qui fait tant de mal à maman ? » « Maman ne nous aime plus puisqu’elle va habiter dans une autre maison… » « papa est un méchant même le juge l’a vu puisqu’il nous a donné à maman. Elle seule décide… » L’estime de soi dans de tels moments est mise à rude épreuve.
Toute rupture familiale implique une reconstruction des rôles parentaux dans une situation qui est nouvelle.
Proposer un lieu où la violence réciproque puisse se dire et se transformer c’est ce que la médiation propose. La médiation va accueillir le désordre, accueillir deux personnes en opposition.
Pour répondre à l’attente, il faut être investi du caractère exceptionnel de la rencontre et lui rendre sa véritable dimension. C’est ici et maintenant pendant la médiation que la colère, les différences non reconnues ou non acceptée vont avoir le droit d’exister. On va se trouver en face d’une victime et d’un persécuteur dont les rôles peuvent être inversés.
La médiation va offrir un nouveau rituel qui permet à la souffrance de se dire dans un lieu sécuritaire. Le principe de compensation, de réparation ne peut se faire que dans le temps.
Toute injustice doit être réparée. Souvent la transformation s’opère avec le choix d’une réparation, 1ère étape d’un processus de guérison, d’apaisement final.
Le temps facteur important de la médiation. La responsabilité de l’acte reconnue est un élément essentiel pour la réparation, c’est une prise de conscience. La médiation n’est pas une nouvelle justice, elle pose un nouveau regard, non pas tourné vers le passé mais vers le présent et le futur.
Les mots sont des moyens pour exprimer et résoudre les tensions... La médiation va construire un espace de paroles. Les mots veulent toujours dire quelque chose (cf on ne peut pas ne pas communiquer…) Ce que la personne dit ne représente pas toujours ce qu ’elle ressent, c’est au médiateur à donner un sens à la parole.
Le médiateur est un miroir qui renvoie les mots. Souvent la 1ère demande est différente de la réalité du problème.
4 éléments d’une démarche de médiation
Peu importe le modèle choisi, certains éléments doivent se retrouver dont un processus de résolution des problèmes ET un désir d’arriver à une entente.
D’où :
définition des enjeux
récolte d’informations
examen des options possibles
décision
Cela s’apparente aux 4 éléments de l’intervention en cas de crise
évaluation de l’individu et de son problème
collecte d’informations relatives à la crise (réaction, capacité d’adaptation)
recherche de nouveaux mécanismes de maîtrise, essai de moyens de contrôle
résolution de la crise
1) définition des points de litige par les personnes
Ainsi les personnes s’approprient le processus, la médiation laisse la responsabilité de la définition du problème au client.
Ce n’est pas un « expert » qui définit l’importance du problème ; de cette façon, ils s’assurent qu’ils ont la même compréhension des enjeux et qu’ils parlent de la même chose.
2) Récolte des informations.
L’information peut parfois désamorcer le conflit
D’où l’importance de connaître :
les faits
ce qui ce cache derrière les faits
les sentiments que suscitent les faits
Chacun exprime « sa version », ses désirs ses attentes.
Le médiateur favorise le partage des faits, ce qui constitue parfois une information pour l’autre.
Le partage permet de connaître les regrets et les récriminations de l’un, les préoccupations et les angoisses de l’autre. Cela permet la mise en évidence des points à discuter, d’identifier les passages difficiles, d’élaborer un projet d’entente durable.
Le médiateur professionnel va aider à comprendre les points d’entente et de divergence.
3) Formulation d’options, d’alternatives, d’hypothèses
Objectifs :
identifier des solutions nouvelles, créatives
réorganiser, redessiner la vie
Le médiateur va guider, aider les personnes à formuler leurs propres hypothèses en fonction de leur réalité.
4) Décision
Les hypothèses doivent passer le test de la réalité, être appliquées à la situation concrète.
Le médiateur doit être en mesure d’identifier les comportements destructifs et répétitifs qui nuisent à la négociation. Il va mettre en valeur les options possibles, faire entrevoir les gains réalisables, faire baisser le niveau d’émotivité. Après tout ce processus, les personnes pourront envisager le deuil du couple idéal, de la famille idéale…
Anne Marie Meuris, médiatrice familiale