Avec le « cinquième acte » de la tragédie qui se joue actuellement au Parlement (ndlr:le manifeste a été publié avant le vote intervenu au Sénat le 5 juin), dans le contexte de la Loi HPST, définissant entre autres, l’usage du titre de psychothérapeute, le législateur continue de méconnaître gravement la vraie spécificité et la fécondité des apports de la psychothérapie, notamment celle du courant humaniste.
La volonté légitime de vouloir protéger les usagers, ne tient aucun compte des règles rigoureuses de fonctionnement, de recrutement et de formation – incluant la psychopathologie – que, depuis 30 ans, les organisations professionnelles se sont données.
Règles qui sont aussi celles de l’Association européenne de psychothérapie (EAP) qui regroupe 120 000 psychothérapeutes qualifiés, de 41 pays.
Malgré les réactions de professionnels éminents, psychiatres, psychologues, universitaires, et des praticiens certifiés, la loi qui doit être votée au Sénat le 12 ou le 13 mai, s’entête à vouloir faire de la psychopathologie clinique le critère principal de validation de la profession.
Cette méconnaissance de la réalité de la profession entraîne une quadruple erreur :
Telle qu’elle est proposée, la loi créerait un no man’s land où pourraient s’infiltrer sans vergogne des « aidants » non formés ni certifiés ainsi que des groupes sectaires au nom prometteur.
Par ailleurs, le clivage fait entre les psychanalystes — qu’elle intronise — et les psychothérapeutes — qu’elle exclut (les uns et les autres sont formés dans des instituts privés, selon des critères de formation très proches) — rend ce texte socialement et éthiquement inacceptable.
Précisons que beaucoup de ceux auxquels la loi accorde, après simple inscription sur une liste préfectorale, le libre usage du titre — médecins, psychologues et nombreux psychiatres — ont acquis leur vraie compétence de psychothérapeute dans les écoles et instituts de formation que la loi ignore.
Les signataires de ce Manifeste en veulent solennellement témoigner.
Premiers signataires :
Nicole Attali, psychologue clinicienne, psychothérapeute, cofondatrice de la Sigmund Feud University
Marie-Françoise Bonicel, Maître de Conférence en psychologie sociale, psychologue clinicienne, psychothérapeute
Bruno Dal Palu, psychologue, psychothérapeute, docteur en psychanalyse
Cyrille Cahen, neuropsychiatre, psychothérapeute
Pierre Canouï, psychiatre, pédopsychiatre, psychothérapeute
Isabelle Crespelle, psychologue clinicienne, présidente de la Commission européenne des méthodes de psychothérapie
Boris Cyrulnik, psychiatre, psychothérapeute, chercheur, auteur, professeur à l’université de Toulon
Alain Delourme, docteur en psychologie, psychothérapeute
Mony Elkaïm, professeur honoraire de psychiatrie à l’Université libre de Bruxelles, président de l’Association Européenne de Psychothérapie (EAP)
Isabelle Filliozat, psychologue, psychothérapeute, écrivaine
Charles Gellman, neuropsychiatre, psychothérapeute
Serge Ginger, psychologue clinicien, psychothérapeute, président de la Commission européenne d’accréditation des instituts de formation à la psychothérapie
Edmond Marc, psychologue, professeur émérite des universités, Paris X, psychothérapeute
Michel Meignant, médecin, psychothérapeute, représentant l’EAP au Conseil de l’Europe
Max Pagès, professeur émérite des universités, psychologue, psychothérapeute
Willy Szafran, professeur émérite à l’université de Bruxelles (VUB), ancien doyen de la Faculté de Médecine
Lucien Tenenbaum, ancien chef de service des hôpitaux psychiatriques, psychothérapeute.
PS. Ce Manifeste a été, depuis, contresigné par plusieurs centaines de médecins et psychologues cliniciens formés à la psychothérapie dans des instituts d’Enseignement supérieur privé (liste sur simple demande à contac@ff2p.fr)
Manifeste publié le 15/05/2009 juste avant que la loi ne soit votée au Senat.