Ce qui caractérise le coaching c’est que la demande se situe dans un « contexte identifié », et que le coach fait préciser un objectif précis accompagné d’indicateurs de résultat, accessible en un temps court (1 à 8 séances). La contextualisation, la précision sont les facteurs importants qui vont permettre à la relation coach/client de fonctionner et de rapidement obtenir des résultats concrets.
Beaucoup de personnes se posent la question de savoir clairement quelles sont les zones d’intervention du manager qui fait une intervention de coaching, d’un coach interne, d’un coach externe, et enfin d’un thérapeute/counselor.
Pour pouvoir établir des limites, nous allons poser différents paramètres :
1/ les domaines
le domaine public qui relève de la vie extérieure, directement observable par tous. Par exemple, un espace de travail, un comportement, une compétence appliquée.
le domaine privé qui relève de la vie intérieure, non directement observable : les principes, les valeurs, ce à quoi l’on croit, l’identité personnelle et les idéaux.
2/ la double loyauté
La notion de « loyauté invisible » mise en lumière par Ivan Boszormenyi-Nagy, ou « double-loyauté ». Il prenait l’exemple suivant : un homme est dans une barque, avec sa femme et sa mère, le bateau chavire, il ne peut sauver qu’une personne, qui va-t-il sauver ? Dans chacun des cas il risque de se sentir coupable !
Ce concept est maintenant très largement répandu sous le nom de « triangulation » : Coach/Coaché/Entreprise. A qui être loyal ? Comment être loyal à la fois envers le client et envers le prescripteur ? Comment gérer cette double loyauté ? Suis-je loyal avec mon client (coaché) et aurais-je une « loyauté » invisible » avec le prescripteur (il m’a promis un contrat , un marché !).
3/ La confidentialité
La personne qui mène une conversation de coaching doit pourvoir garder la confidentialité de ce qui s’est dit. Alors, jusqu’où peut-on entendre des « confidences » ? Et où commence le risque de double-loyauté donc le risque de trahison !
Maintenant que les paramètres sont posés, examinons chaque cas :
Un manager qui fait des conversations de coaching : comment pourra-t-il être loyal à son collaborateur, loyal avec l’entreprise et garder la confidentialité ? En restant, lors de l’intervention, dans les limites du domaine public, visible par tous, c’est-à-dire dans les champs de l’environnement, du comportement et des compétences appliquées. Il ne peut, en aucun cas, devenir dépositaire d’une « confidence » risquant d’handicaper le bon fonctionnement de l’équipe, voire de l’entreprise.
Tout ce qui sera de l’ordre du domaine privé va mettre le manager en « double loyauté » !
Un coach interne : jusqu’où peut-il garder la confidentialité sans se retrouver en double-loyauté ? Il peut intervenir dans les champs du comportement et des compétences (professionnalisme) et dans les champs des valeurs et principes du client -atteignant là sa limite. Au-delà, si le client souhaite parler de son rôle, d’une remise en cause d’un individu, d’un poste, le coach interne ne se trouve-t-il pas déjà dans une double-loyauté ?
Un coach externe : il doit gérer la confidentialité et la double-loyauté. Pour cela il identifie avec le prescripteur et le client un objectif public et avec le client, dans la conversation de coaching, ils identifieront les besoins émergents ou objectifs privés. Ceux-ci devront, afin que le coach puisse honorer les deux parties, aller dans la même direction que l’objectif public.
Maintenant, qu’est-ce qui différencie le coaching de la thérapie/du counseling ? Quelle est la limite entre les deux ? Comment savoir dire stop ?
Nous faisons la proposition suivante
Le coaching sera utile quand : le client vient avec une difficulté « contextualisée », un besoin identifié, il nous parle du milieu où spécifiquement il a une difficulté, ou bien il a une envie de progresser dans tel domaine. C’est une demande conjoncturelle. Due à une difficulté relationnelle, une prise de poste, une saturation, un besoin de développement…
La thérapie/le counseling sera nécessaire quand : la demande est généralisée à plusieurs contextes. Exemple : le client a du mal a faire valoir ses opinions dans l’entreprise, avec ses amis, et à la maison. C’est une difficulté de vie, une difficulté par rapport au monde en général, pas par rapport à une personne ou un groupe de personnes identifiées.
En d’autres termes, si, en tant que coach, j’entend mon client parler de sa vie privée, de problèmes récurrents dans différents contextes, je vais rapidement lui demander si l’on peut s’en tenir au contexte évoqué initialement. Il est libre de parler de lui et de sa vie privée au cours de la conversation, et je suis libre de n’accepter d’intervenir qu’au niveau identifié lors de la réunion préalable. Si le client a la capacité de recentrer son discours sur le contexte initial, montrant ainsi qu’il est capable de se gérer, alors le coaching peut avoir lieu.
Toutefois, si le client continue à évoquer d’autres contextes publics et privés concernant la difficulté qu’il a énoncée initialement, navigue d’une situation à l’autre, d’un contexte à l’autre, d’un domaine à l’autre, il semble que sa difficulté concerne sa « relation au monde ». S’il ne peut la ré-inscrire précisément dans le contexte, montrant ainsi qu’il ne se « gère » pas, il me revient alors de lui conseiller un accompagnement thérapeutique.
Nicolas De Beer, Mediat-Coaching