Outre le travail d’appropriation de son histoire, le « connais-toi toi-même » au cœur de la relation psychothérapeutique, le patient vient parfois avec un comportement ou une pensée qui le taraude et dont il subit les conséquences. Il n’arrive pas à s’en défaire et demande de l’aide. Deux grands mécanismes sont à l’œuvre malgré lui et l’en empêchent.
Quel que soit le mammifère, le premier principe est que ce qui a fonctionné dans un contexte est mémorisé pour être réutilisé ultérieurement. Si aucune occasion proche de restructurer cette solution en simple possibilité alternative à d’autres solutions ne se présente, ce qui a fonctionné une fois est répété. À terme, le contexte évoluant, cette réponse installée en vérité est en échec. L’enfant qui obtient durablement par la colère ce qu’il attend de ses parents, a de fortes chances, une fois adulte, de se mettre en colère dans un contexte qui restera de glace, voire s’opposera fermement à son attitude. La colère se trouve être le bout de l’impasse de l’impuissance et sa dynamique est de détruire au risque d’être détruit. Le patient, dans cette dynamique, vient déposer auprès du « psy » un programme socialement suicidaire par lequel il s’isole « tout le monde ayant tort (de son point de vue) » ou « personne ne l’aime (tel qu’il est) » puisque tout le monde le rejette en réaction à sa colère.
Le second principe à l’œuvre est de vouloir ne plus faire ce qui dérange. Or le cerveau ne connaît pas la négation et vouloir ne pas vouloir revient à mettre en œuvre malgré soi ce qu’il est souhaité voir disparaître. Quand changer équivaut à rejeter ce qui dérange, vouloir changer conduit à une succession d’échecs qui ouvre potentiellement la porte à la dépression via, entre autres, la perte d’estime de soi.
Le patient est alors coincé. Le « psy » peut être tenté de vouloir qu’il change malgré lui. Cependant, le « psy » sait que le substrat nourricier de son accompagnement est la relation. Pour être accueilli et entendu du patient, aller à la rencontre du patient dans sa position du moment est la clé de la réussite de la prestation attendue. Le patient est aussi un client qui attend d’être servi… par lui-même au travers de la rencontre du « psy ».
Le patient sait qu’il ne peut arrêter ce qu’il fait. Lui demander d’arrêter ce qu’il fait revient à le maintenir dans l’échec dont il veut sortir. Prendre cette orientation nourrit l’opposition du patient. L’astuce est de lui demander de faire volontairement ce qu’il fait malgré lui. S’il peut le faire volontairement, alors il peut l’arrêter.
Trois grandes modalités peuvent être mobilisées en fonction des circonstances :
demander au client de refaire volontairement ce qu’il vient de faire involontairement tout en détournant son attention du caractère volontaire ou involontaire ;
lui demander de décaler dans le temps ce qu’il fait involontairement s’il a conscience de la montée du désir irrépressible de le faire ;
lui demander de perfectionner ce qu’il vient de faire involontairement.
Il lui est prescrit de faire ce pour quoi il est venu et dont il veut se débarrasser.
Ce faisant, le « psy » accueille l’autre dans sa position. Le patient se sent reconnu. Par ailleurs, ce qui est subit devient volontaire. Le patient reprend le pouvoir. Enfin le message du patient est « je ne peux pas faire autrement » et la prescription du symptôme envoie un accusé de réception positif à son message. D’une part le patient redevient acteur de sa vie et d’autre part son message est reçu fort et clair. Il n’a plus besoin de continuer à l’envoyer et la possibilité d’agir différemment est maintenant disponible. Le « psy » l’a rendu gagnant sur les deux tableaux.
Quelques cas d’application :
Le patient souffre d’insomnies pendant lesquelles des idées tournent malgré lui. Sur la base de son expérience répétée, le « psy » lui demande d’écrire chaque soir, avant d’aller se coucher, tout ce à quoi il pensera pendant sa prochaine insomnie. Cette prescription reconnaît la présence des pensées nocturnes envahissantes et les rend volontaires et décalées dans le temps.
De même, le patient qui vérifie compulsivement que tout est bien en place sur ses étagères pourra s’entendre demander de ranger ses étagères à la perfection et, une fois cette perfection atteinte et uniquement après avoir atteint cette perfection, de modifier de façon infinitésimale l’orientation ou la place d’un des objets rangés parfaitement. Son besoin de perfection est nourri ; son désir de changement est reconnu ensuite. La créativité du « psy » est là pour créer la prescription adaptée au contexte du patient.
Cette prescription valide le client dans sa dynamique : il se sent accueilli. L’impossible est reconnu : il se sent compris. Le « psy » a fait preuve d’humanité. La pratique d’une langue respectueuse voire d’une forme d’hypnose conversationnelle potentialise l’intervention.
Et puis, en toute logique, puisque s’opposer est vain, alors il est logique de faire l’inverse, il s’agit simplement de logique et uniquement en apparence d’une pratique paradoxale.
Paul-Henri Pion est psychopraticien à Courbevoie. « C’est en lâchant prise que vient la maîtrise ». Paul-Henri s’intéresse aux conditions de la performance et du bien-être humains. Sa pratique s’inscrit dans la lignée des travaux du Mental Research Institut dont il a suivi les enseignements. Économiste de formation, certifié en PNL et hypnose éricksonnienne, diplômé en psychologie, il met son expérience au service de votre bien-être.
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