Gerda Alexander est née à Wuppertal (Allemagne) en 1908 ; elle y est décédée le 21 février 1994.
Très tôt, son éducation l’avait familiarisée à la pratique musicale (piano) et à la danse expressive ; elle concrétise son intérêt pour le mouvement expressif en rapport avec la musique par une formation professionnelle en Rythmique Jaques-Dalcroze ; elle projetait de faire carrière dans le théâtre et la danse.
A l’âge de 21 ans, atteinte de rhumatisme articulaire aigu avec endocardite, elle garde de graves séquelles articulaires et cardiaques et est contrainte de réorienter sa carrière.
Bien décidée, malgré son handicap, à exploiter au mieux le petit capital / santé qu’il lui restait, elle entame pour elle-même une longue recherche sur la détente musculaire, le mouvement naturel et l’économie dans l’effort ; sa recherche repose essentiellement sur la conscience de son vécu corporel et de l’activité mentale qui la soustend.
Ces recherches personnelles la conduisent à remettre en question, mais aussi à réinventer de façon plus adéquate, l’ensemble de ses habitudes motrices, tant dans le domaine des positions de repos que des attitudes immobiles ainsi que dans toute la variété des mouvements eux-mêmes, de leurs rythmes, de leur formes, de leurs amplitudes et également de la force plus ou moins importante que certaines situations sollicitent.
Très vite, elle constate qu’elle ne pouvait pas réaliser utilement cette recherche sans s’appuyer sur l’expérience sensible consciente de son corps, dans une présence plus unifiée à elle-même et au monde ; cette recherche lui révéla également les liens profonds existant entre d’une part la qualité de son fonctionnement corporel et d’autre part le contenu de ses processus mentaux comme son imaginaire, ses projets, ses intentions, sa volonté ainsi que la dimension émotionnelle de son activité psychique.
Progressivement, les découvertes qu’elle avait au départ élaborées pour elle-même se trouvent confirmées à travers l’aide qu’elle peut apporter à des personnes qui ont, comme elle, des difficultés motrices ; elle commence, au début des années 50, à enseigner à partir de ses principes personnels d’éducation corporelle ; ceci constitue le point de départ de la "Gerda Alexander School" de Copenhague, qui restera ouverte jusqu’en 1987 ; avec l’accord de Gerda Alexander, d’autres écoles verront le jour en Suisse, en Allemagne, au Canada et en Belgique.
Pour identifier son approche pédagogique, Gerda Alexander invente en 1957, le terme "EUTONIE" ; ce terme vient du grec EU ( = bon, juste, harmonieux) et TONOS (= tonus, tension) ; il désigne l’EQUILIBRE DU TONUS, c’est à dire de la tension musculaire de base présente dans tout organisme vivant, lorsque cette tension est harmonieusement répartie dans tout le corps et qu’elle s’adapte en permanence à toutes les nuances de la situation du moment.
L’affinement de cet équilibre tonique est le résultat progressif d’une recherche personnelle de chaque élève ; cette évolution repose sur le développement de ses capacités d’être mieux présent à ses propres sensations corporelles ainsi qu’aux informations tactiles stimulées par le « toucher » et le « contact » avec l’environnement : le sol, les objets, les personnes et l’espace.
Pratiquer l’Eutonie, c’est travailler à son rythme personnel, le plus souvent au sein d’un groupe, à la recherche de son harmonie tonique, à travers l’exploration de toute une variété de situations allant du repos au mouvement ; cette recherche permet de mieux accéder à :
la détente et la tranquilité dans la passivité et le repos ;
l’équilibre, la sécurité intérieure et la disponibilité en attitude ;
l’économie et l’efficacité dans les gestes et mouvements, ceux de la vie courante (se déplacer, manipuler des objets ou être en contact physique avec un être vivant) ceux qui sont présents dans des prestations de nature sportive, dans la danse, dans la pratique vocale ou instrumentale de la musique.
Les effets de l’expérience consciente de l’exploration et de la création motrice s’intègrent finalement au plus haut niveau de la conscience personnelle, dans une restructuration du schéma corporel, de l’image de soi et de l’identité personnelle ; cette évolution se marque par plus de « distinction » et « d’autonomie », dans un rapport mieux intégré à la réalité tant personnelle qu’extérieure, sur une base plus positive et créatrice.
Si l’Eutonie trouve son application dans la vie courante de chacun, son intégration dans le vécu personnel permet plus particulièrement aux pédagogues et aux thérapeutes de vivre leurs relations professionnelles dans une attitude empreinte de « distinction » et de « sécurité intérieure », tout en utilisant des interactions pédagogiques qui stimulent l’élève ou le patient à recourir à ses propres ressources dans la réalisation de ses propres projets ou besoins.
L’appellation « Eutonie Gerda Alexander » comme le logo qui l’accompagne sont des marques enregistrées et protégées par la loi ; leur usage est exclusivement réservé aux porteurs du diplôme en Eutonie Gerda Alexander.