La qualité d’une huile dépend de plusieurs facteurs. Sa pureté, la manière dont la plante a été cultivée, cueillie, traitée, distillée et embouteillée avant d’arriver chez vous dans son petit flacon vont influer sur ses vertus, la finesse de son odeur, et ses qualités vibratoires. Le top du top serait donc une huile issue d’une plante sauvage, cueillie à la main dans son biotope naturel à l’écart de toute pollution au moment précis où elle est la plus chargée de principes actifs.
Ce végétal devrait aussi avoir été séché de naturellement, distillé à la vapeur d’eau de manière complète à température et pression contrôlées, et l’huile essentielle embouteillée dans un flacon opaque et conservé à l’abri de la chaleur et de la lumière.
Pourquoi ?
Parce que dans son biotope naturel, une plante n’est pas “chouchoutée”. Entourée de divers autres espèces, exposée aux attaques de parasites potentiels, elle doit “se battre” pour pousser et survivre, développant ainsi des qualités biochimiques plus intenses qu’une plante de culture que l’on gave d’eau et d’engrais et que l’on protège à l’aide de pesticides (même naturels). Sans compter que les résidus de ces adjuvants se retrouvent bien sûr dans le résultat de la distillation. L’ “essence” de la plante, c’est-à-dire le concentré de principes actifs qui nous intéresse, lui sert en réalité de système immunitaire et énergétique. Elle protège le végétal contre les insectes nuisibles, et régule son hydratation et sa température.
Loin de la pollution : pas besoin de vous faire un dessin. Quand on sait que pesticides et polluants sont concentrés par le processus de distillation et encore plus par le procédé d’expression mécanique (utilisé pour les HE d’agrumes)…
Le moment de la cueillette importe car les proportions de principes actifs varient au cours des saisons voire de la journée et cette variation dépend d’une plante à l’autre. En tout cas, elle doit être récoltée par temps sec, à l’aube (mais après évaporation de la rosée) ou avant que le soleil n’altère les qualités de la plante.
Si on veut être pointu, le procédé de récolte a également une influence sur la qualité de l’huile essentielle. En effet, une machine prélève toutes les plantes de manière indéterminées, sans faire pas la différence entre végétaux abîmés ou flétris, plants convoités et brins d’herbes (ou autres) qui auraient échappé à la vigilance du cultivateur ou au désherbant.
Le procédé de séchage a lui aussi son importance : sa durée et sa température ont un impact sur la teneur en HE de la plante. Dans le but d’optimiser la rentabilité, il est évidemment tenant de raccourcir le temps de séchage, avec pour conséquence une altération de la concentration en principes actifs et/ou de ses qualités olfactives (s’il reste de l’humidité, par exemple).
De même, la durée et la pression de distillation ne sont pas anodines : si le temps est écourté (pour les mêmes raisons de rentabilité), une partie des principes actifs risque de ne pas être contenus dans le produit de distillation. Et c’est dommageable car l’effet thérapeutique d’une huile résulte de l’interaction de toutes les composantes de la plante, même celles qui s’y trouvent à l’état de trace. Certains sont alors tentés de “rectifier” l’HE incomplète par différents moyens (quitte, parfois à lui ajouter des constituants synthétiques). Avec pour résultat une odeur moins fine, des propriétés différentes voire des effets indésirables (irritations, allergies, etc.). Le parfum de l’huile peut lui aussi être perverti par une mauvaise distillation. Si la pression dans l’alambic est mal contrôlée, l’huile essentielle pourra avoir des relents brulés désagréables.
Il est indispensable l’HE soit embouteillée dans un flacon de couleur sombre (brun ou bleu) afin qu’elle soit à l’abri de la lumière, et qu’elle soit stockée à l’abri de la chaleur. L’une et l’autre affectant ses qualités thérapeutiques.
Comment choisir ?
Tout d’abord, il ne faut choisir que des HE 100% pures, 100 % naturelles. Non seulement les huiles synthétiques n’ont aucune vertu thérapeutique mais elles peuvent même être toxiques. Il importe également qu’elles soient chémotypées. C’est-à-dire que leur espèce botanique est clairement et complètement identifiée. Le flacon porte alors la mention HEBBD (huile essentielle botaniquement et biochimiquement définies), le nom de l’espèce est indiqué en français et en latin (pour éviter les confusions), ainsi que l’organe producteur utilisé (feuille, sommité fleurie, écorce…) et l’origine géographique (ex : thym à thujanol = thymus vulgaris CT thujanol, Corse ou cannelle = cinnamomum cassia, écorce, Chine). En effet, la composition de l’HE peut varier en fonction de tous ces facteurs et donc produire des effets différents.
Il existe de très nombreuses espèces de lavandes mais aussi de thyms ou d’eucalyptus qui n’ont pas la même composition ni les mêmes spécificités thérapeutiques tout en ayant des caractéristiques de base communes.
Toutes les lavandes sont antiseptiques et antalgique mais la lavande officinale est plus particulièrement sédative et antispasmodique tandis que la lavande aspic agit plutôt comme anticatharral, expectorant et surtout cicatrisant. Tout comme la lavande stoechade qui de plus fait merveille sur les otites mais qui peut s’avérer neurotoxique et abortive, désagrément que ses deux sœurs ne possèdent pas. Concernant l’organe producteur, une HE d’orange douce tirée de l’écorce du fruit n’a ni la même odeur ni les mêmes propriétés que celle issue du rameau feuillé du même oranger ou de sa fleur.
Dans l’optique d’un usage thérapeutique (et même en diffusion), le label bio est indispensable pour les raisons évoquées plus haut. Il est possible de trouver des HE de plantes sauvages de qualité biologique. Que la plante soit sauvage n’est pas suffisant en soi. Le label « bio » et le label « simples » garantissent que ces plantes ont été cultivées et/ou cueillies à l’abri des pollutions agricoles ou urbaines, avec un cahier des charges encore plus strict pour le “simples” que pour le « bio ». Ces huiles sont généralement chères mais de qualité optimale.
L’engouement pour les huiles essentielles est devenu tel qu’il y a aujourd’hui des espèces botaniques menacées par une demande croissante et des pratiques de cueillette empêchant leur régénération. Il est donc important de s’informer et d’adapter son comportement d’achat à cette réalité en choisissant ses HE en conscience, dans un souci de respect de la nature, de la biodiversité et de l’équité. Cette dernière caractéristique n’est pas insignifiante, la plupart des HE provenant majoritairement des pays du Sud. Comme il existe très peu d’HE labellisée bio et commerce équitable, la tâche n’est pas aisée. Il faut donc essayer de trouver un fournisseur à la fois compétent, informé et conscient. Tâter le terrain, lui demander de l’info sur la provenance de ses produits et sa position sur ce sujet. Bref être consomm’acteur.
La question du prix
Les huiles essentielles sont des produits relativement chers parce que le rendement des plantes aromatiques est généralement faible. A titre d’exemple, 7 kg de boutons floraux séchés de giroflée, 50 kg de sommités fleuries de lavandin, 150 kg de sommités fleuries lavande vraie, 1,2 tonnes de thym vulgaire et 4 tonnes de pétales de roses de Damas sont nécessaires pour obtenir un seul litre d’HE. Le prix varie (de quelques euros à plusieurs dizaines d’euros le flacon de 10 ml) non seulement en fonction du rendement mais aussi de la rareté de la plante, sans compter les kilomètres parcourus pour arriver dans vitre magasin préféré. L’huile essentielle de rose de Damas (rosa damascena) coûte entre 18 et 50 € le flacon de 2 ml. Si vous la trouvez à un prix sensiblement inférieur, fuyez. Il y a toutes les chances qu’elle soit synthétique.
Isabel Verhaeghe de Naeyer
Jnana Chakshu – Le 3e Œil