Au bout du rouleau… l’expression a des origines théâtrales : au Moyen Âge, les textes des acteurs étaient écrits sur des rouleaux (rollet). Plus le rôle était bref, plus le rouleau était court. Au XVIIe siècle, le désespoir s’empare de la formule : quelqu’un est « au bout de son rollet » lorsqu’il ne sait plus quoi dire à la fin d’un discours, plus quoi faire dans ce qu’il a entrepris.
Les patients dont nous parle Gérard Szwec sont au bout du rouleau, au bout de leur « rôle », puisque la dramatisation déserte leur scène psychique. Mais leurs ressources ne sont pas toujours épuisées. C’est à l’analyste d’aller les chercher, avec patience. Les voies d’accès sont plurielles, les obstacles inévitables, le succès jamais garanti. Voilà une grande leçon de psychanalyse qui montre que la science ne parvient pas toujours à défaire les tractations délétères de la psyché. S’il est une clinique qui exige l’endurance de l’analyste, c’est bien celle-ci, qui cherche à engager un rapport de forces répétitif, sans que l’on sache d’ailleurs où se situe la victoire.
L’auteur
Gérard Szwec est psychanalyste, psychiatre, membre et formateur de la SPP. Il a été directeur médical du Centre de psychoso matique de l’enfant Léon Kreisler (Institut de psychosomatique de Paris), président de l’IPSO et a dirigé la Revue française de psychosomatique de 1991 à 2010. Il est notamment l’auteur aux Puf de l’ouvrage Les galériens volontaires (2014).
Disponible sur le site des eidtions PUF |