Accompagner le processus du deuil en utilisant les techniques corporelles et la relaxation

Présenté par Geneviève Manent


Accompagner le processus du deuil en utilisant les (...)

Comment prendre soin de soi, en allant du corps à l’être, pour traverser la souffrance des séparations ?

Le deuil fragilise à tous les niveaux. Il désorganise la personne dans son ensemble : dans son corps, dans ses émotions, dans son identité personnelle sociale et familiale, dans sa construction et ses projets. Il bouleverse également la famille, son organisation, les rôles, les relations des uns avec les autres et avec l’extérieur.

Face à cela, la relaxation et les techniques corporelles participent à la restauration de tous les plans de l’être : physique, psychique, émotionnel, créatif et spirituel en prenant en compte les mécanismes d’auto- régulation et d’auto-guérison de la personne.

Je vous propose ici d’évoquer comment les approches corporelles (dont la relaxation) accompagnent une dynamique de vie à pour traverser la souffrance et retrouver son élan vital. Les témoignages cités sont tous issus de personnes que j’ai accompagné.

1ère étape : entendre son corps perturbé

Au début, tout semble se dérégler : le choc, l’anesthésie émotionnelle et son impact sur les organes et les viscères, l’asthénie, les dysfonctionnements du sommeil et de l’appétit sont autant de manifestations de la souffrance dans le corps. Fragilisé par le choc, il traverse une période critique pour la santé. Une intense fatigue peut se manifester à longueur de journée : c’est tout à fait normal.

C’est pourquoi il est important de prendre du temps pour s’écouter, c’est-à-dire de repérer les besoins du corps et d’adapter les outils qui apportent un soulagement. Ce ne sera jamais plus pareil mais une restauration est envisageable.

Rôle de la relaxation à ce niveau
- La relaxation est utilisée comme un outil de détente qui agit sur le plan physique et favorise l’élimination des tensions musculaires ; elle améliore la qualité du sommeil, de la respiration et permet de retrouver un certain équilibre. Elle stimule les défenses immunitaires affaiblies.
- Les auto-massages dynamisent ou apaisent selon les moments de la journée
- Les respirations, les étirements, proposent de ré-apprivoiser la vie, de sentir qu’elle est encore là malgré la douleur et la sensation de vide.

Témoignage
"Une renaissance - une petite fleur qui s’ouvrait au creux de la poitrine. Une sensation de vie dans les bras, les jambes et la tête. Une prise de conscience de quitter une chrysalide. Une camisole."

En résumé :

A un moment où la réalité semble s’échapper, reprendre contact avec son corps et ses sensations permet de se sentir exister et de se remettre en douceur dans un mouvement de vie

2ème étape : apprivoiser l’absence et traverser ses émotions

Le « travail de deuil » consiste, chez l’adulte comme chez l’enfant, à intégrer l’absence de la personne décédée. Il ne s’agit pas de l’oublier, mais de l’intérioriser.
Cela exige une démarche active, persévérante, demandant un effort important pour reconnaître la réalité et apprivoiser la perte.
L’hypersensibilité caractérise cette période.
Beaucoup d’émotions surgissent ou se cachent au cours du travail de deuil : la tristesse, la colère, la culpabilité, l’anxiété, la peur, tous ces états prennent beaucoup d’énergie au corps et au psychisme.
Physiquement, chacun les vivra à sa manière : l’estomac noué, la sensation de mal digérer, la boule dans la gorge, les pleurs qui fatiguent le visage et les yeux, les maux de tête etc.

Importance de la relaxation
- La relaxation (état alpha et visualisation) favorise l’expression et la libération des blocages dus aux émotions. Elle apaise au niveau du cerveau émotionnel qui possède des mécanismes naturels d’auto-guérison.

- Les étirements et les vibrations agissent au niveau du cerveau reptilien et sont utiles pour l’hyperactivité déclenchée par l’angoisse du décès.

- La relaxation, les automassages, les mouvements toniques, le chant et la stimulation du diaphragme favorisent l’action et la production d’endorphine .
Ces “hormones du bonheur” génèrent l’euphorie. Elles agissent comme des messagers biochimiques euphorisants envoyées par le cerveau, elles permettent de mieux aborder les émotions

Témoignages
- “ j’ai arrêté les antidépresseurs depuis que je pratique la relaxation et si je ne dors pas je fais des visualisations ou des actes conscients ”
- “ J’ai retrouvé une énergie et une légèreté, je suis libérée du poids de la culpabilité ”

En résumé

En mettant en contact avec des émotions profondes, mais dans un contexte qui dédramatise (cerveau limbique au repos), la relaxation leur redonne leur fonction d’origine : être des énergies de vie qui aident à s’adapter et facilitent le changement.

3ème étape : retrouver les idées claires

L’impression d’irréalité de la vie est souvent forte ; créant une difficulté à s’ancrer dans le quotidien. L’environnement semble irréel. L’impression de confusion s’ajoute à la difficulté de concentration et aux troubles de la mémoire. Les pensées et les images sont répétitives. Tournées vers le défunt, elles détournent de l’attention à autre chose.

La relaxation pour « régler » et calmer le mental
Des exercices simples et qui ne prennent pas beaucoup de temps, facilitent le quotidien et améliorent la clarté de l’esprit.

  • Les exercices sensoriels issus de la méthode Vittoz ont un effet régulateur qui rassemble la personne dans la présence à soi-même : ils atténuent les “ idées fixes ” et ils peuvent même faire ressentir du plaisir.
  • Les exercices graphiques sont un bon moyen de se concentrer ;
  • Les marches croisées (brain gym) connectent les 2 hémisphères du cerveau
  • Et les postures d’équilibre amènent un état de calme intérieur
  • Au niveau de la respiration, le temps d’arrêt en vide même très court permet de récupérer, de faire le vide dans son esprit
En résumé

Le deuil déclenche des discours et cinéma intérieurs « en boucle » ; les idées s’échappent, sont floues ou déformées. Pour mettre de l’ordre dans sa tête et être plus disponible, des approches corporelles et graphiques peuvent se pratiquer à chaque instant sans condition particulière, développant ainsi une qualité de présence à soi-même.

4ème étape : Reconstruire son identité
Demeurer semblable, tout en étant différent

Toute personne en deuil oscille entre 2 orientations :

  1. le passé, la perte, les souvenirs.
  2. l’avenir, la reconstruction, les projets.
    Tiraillement entre le passé qui attire et engloutit et l’avenir qui appelle et met en marche. Ceci cause angoisse et inquiétude.

L’état alpha crée des ponts entre le conscient et l’inconscient. En relaxation, la personne en deuil peut être confrontée à des images dures ou des souvenirs heureux qui génèrent des larmes. Comme elle se trouve dans un contexte de sécurité et de confiance, elle peut progresser dans le travail intra psychique de deuil et intégrer davantage la réalité de la perte et de l’absence. De même, elle pourra plus facilement aborder les tensions entre les énergies contradictoires qui l’assaillent :

  • La visualisation apporte souvent un apaisement grâce à l’intégration des contraires .
  • La respiration et la relaxation apprennent à se positionner : choisir d’être dedans ou dehors (à l’intérieur de soi ou en témoin, mais non “hors de soi”).
  • L’enracinement corporel et les postures reliant le centre et les extrémités favorisent la confiance en soi et la restructuration de l’image de soi.
  • Les postures de balancement et d’équilibre, les marches conscientes permettent d’osciller plus sereinement entre le passé et le futur, les souvenirs et les projets.

Témoignages
-  “ J’existe encore, la vie vaut la peine d’être vécue. Le deuil est un passage obligé. L’essentiel est que je sache moi, que c’est normal. J’ai envie de partager, d’aider les autres ”
-  “ Six mois après le décès de mon mari, je tournais en rond dans mon désespoir. j’avais commencé les antidépresseurs… après le séjour,, j’ai pris conscience que le deuil n’était pas un temps mais plutôt un chemin à parcourir avec des moments de bien-être et de gros cafard. Et chacun doit le vivre à son rythme, selon qui il est. j’ai appris qu’il était essentiel de vivre pleinement ce que l’on a à vivre, sans culpabiliser, qu’il s’agisse d’une douleur ou d’une joie…. Aujourd’hui, j’ai le sentiment de pouvoir continuer à vivre.”

En résumé

Le temps de deuil est un temps de crise identitaire : La relaxation peut agir profondément pour quelle devienne un moteur de croissance ; La visualisation est un outil de changement : c’est toute la différence entre comprendre intellectuellement et intégrer le changement dans sa vie.

5ème étape : retrouver une sérénité et donner un sens à cette « expérience »
Intégrer la perte.

L’identité se compose de plusieurs parties.
- Une partie est immuable : je suis Moi depuis ma naissance jusqu’à ma mort ; mon identité profonde me donne un sentiment de continuité tout au long de mon histoire et malgré les changements. Cette conscience d’une identité permanente et unique peut être voilée par le deuil.
Face à l’explosion provoquée par la perte d’un être cher, face au bouleversement de tout l’être, les mandalas aident à se centrer et s’apaiser. Ils offrent une sensation de paix intérieure et d’unification au milieu du chaos.

- Une partie de ce que je suis évolue avec le temps, avec l’âge, avec les changements de statuts, avec les évènements de vie. Le deuil peut venir bouleverser cet aspect de l’identité marquée surtout par les transformations.
Dans ce temps de flottement et de perte de repères la relaxation ou tout travail d’intériorisation permettent de se relier à son Etre profond, à son identité immuable, qui offre une stabilité.

Et pour conclure je dirai :

La relaxation crée un contexte de sécurité et de confiance : à l’écoute de son corps, la personne en deuil apprend à faire le lien entre ses sensations, ses émotions, ses sentiments et ses pensées Eclairée par les symboles, l’expérience prend sens dans une histoire de vie.
A cette étape, la relaxation devient le plus souvent un véritable révélateur pour l’être.

Certains témoignages expriment ce que cet évènement a pu faire grandir en eux :
- « A 65 ans, je me sens moi-même pour la première fois » ou encore“ cela m’a permis d’accepter l’inacceptable ”
- « J’ai relativisé mon histoire »
- « Je ressens une transformation profonde, une remise en ordre dans ma vie. Je pense être sur le chemin pour retrouver la paix »

Geneviève MANENT , Auteur, formatrice et thérapeute www.manent-relaxation.fr a créé avec Fabienne GUILLAUD, Psychologue clinicienne formée aux approches corporelles et pluridisciplinaires, des sessions intitulées « Accompagner le deuil pour reprendre le chemin de la vie ». , qu’elles animent en synergie avec une équipe de thérapeutes et d’artistes (conteur, musiciens, sculpteurs…) Entre 2001 et 2009 plus de 1000 personnes ont participé dont 79 en famille (53 enfants et adolescents)
Au sein de l’Association COURT’ECHELLE, elles animent des formations pour accompagner le deuil des enfants ,des adolescents, des adultes et des familles. Ce projet, fait partie d’un projet plus global concernant des conférences, des journées à thème (crèches, écoles) et de l’écriture sur le sujet. Il est soutenu par la Fondation d’entreprise OCIRP, qui s’engage auprès des orphelins, de leur famille et des professionnels travaillant dans ce domaine.
- http://relaxation-enfants-sudouest.over-blog.com/
- www.fondation-ocirp.fr

Publication proposée par : Manent Geneviève
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