Trouver la paix en soi

par Karin Reuter et Michel Savage


Lorsqu’il est question de paix, on parle généralement de militer pour la détente des relations internationales en Irak et au Proche-Orient, pour la fin de la guerre civile en Tchétchénie, pour le moratoire nucléaire en Iran, pour le calme des banlieues, pour la fin des dictatures comme celle qui sévit encore en Corée du Nord, l’arrêt de l’immigration clandestine, la fin des prises d’otage en Colombie, de la maltraitance enfantine, du harcèlement au travail, des violences domestiques, des mafias qui corrompent le monde…. : autant de raisons pour lesquelles militer. La seule évocation de tous ces foyers de violence montre bien que nous sommes encore très loin d’être dans un monde en paix. Comment peut-on prétendre trouver la paix intérieure quand le monde entier se bat tout autour de nous ? S’agit-il d’aveuglement, d’inconscience, d’égoïsme ou de naïveté ?

Un petit journal montrait un jour un militant pacifiste vociférer contre un chasseur en lui disant : « Je suis pour la paix, moi, Monsieur, et j’irai jusqu’à vous tuer pour vous le prouver ! » Cette caricature montre bien que l’aveuglement et l’hypocrisie ne se trouvent pas toujours du côté que l’on croit. Tout d’abord, il s’agit là de jugements qui sont une première source de division, donc de conflits. Sans partir en guerre contre les jugements et en rajouter une nouvelle couche, si nous commencions par reconnaître que condamner qui ou quoi que ce soit ne l’a jamais fait disparaître ? Il faut exercer de la force pour maintenir un ballon sous l’eau : dès que l’on relâche la pression, il nous saute à la figure. Résister à la violence comme à quoi que ce soit d’autre ne fait que lui donner de la force : l’attention nourrit ce sur quoi elle porte… Il nous faut donc tenter une autre piste sans reproduire ce que l’on dénonce.

Opposer la paix dans le monde à la paix intérieure est sans doute la toute première forme de division, source de violences et de guerres. Comme si l’on pouvait isoler l’une de l’autre. Comment ne pas voir que nos conflits intérieurs ne font qu’alimenter les nuages de tensions qui vont éclater, ici entre deux pays frontaliers, là bas entre hommes et femmes dans un couple, entre deux enfants ou entre les salariés exaspérés par la politique de leur entreprise et leur patron ? La loi de résonance bien connue nous rappelle que deux phénomènes analogues entrent en résonance comme une corde de violon en fait vibrer une autre. Si on s’arrête aux apparences, nos contours s’arrêtent bien à notre personne, mais si on regarde au-delà, comment ne pas voir que notre état d’esprit influence notre entourage bien au-delà de ce que nous pouvons percevoir ?

On sait aujourd’hui qu’en modifiant l’orientation d’une particule (son « spin »), on modifie également l’orientation d’une autre particule à des années lumière de là. Ervin Laszlo, un des plus grands scientifiques actuels, a pu démontrer l’existence d’un champ « A », une toile d’information qui relie le moindre événement à tous les autres, que ce soit dans le champ de la physique nucléaire, de l’astrophysique, de la biologie ou de la conscience. Autant dire qu’on ne peut isoler notre état d’esprit de celui des autres : celui qui est en paix avec lui-même en fait cadeau à tout l’univers pour la raison toute simple que l’univers est un : nous n’en sommes séparés qu’en apparence. Un esprit divisé donnera lieu à un monde divisé, un esprit paisible unifie le monde. Toute la question est donc de savoir quel état d’esprit va gagner l’autre par contagion ? Et comment accéder à cette paix du cœur, surtout quand tout semble aller « mal » ?

La paix du cœur n’est pas un état qu’il nous faudrait acquérir comme un bien mobilier ou immobilier : c’est notre état naturel. On peut perdre ce qu’on a, on ne peut pas perdre ce qu’on est. Par contre, on peut croire perdre sa quiétude ou l’oublier et se retrouver pris en plein cauchemar. Dieu merci, le rêve ne change rien à notre réalité. Par conséquent, le seul travail, si travail il y a, consiste à cesser de croire à la réalité de ce qui nous tourmente. Trop souvent, on se donne des conditions pour retrouver sa paix : quand on aura payé ses factures, ou fini sa semaine, le WE, ou aux grandes vacances, ou à la retraite… Et on repousse d’autant la possibilité d’être paisible maintenant.

Tout comme on peut se bercer d’illusions en croyant trouver la paix une fois telle condition matérielle satisfaite, on peut aussi s’imposer des contraintes plus subtiles en cherchant à être différent de ce que l’on est, que ce soit même pour devenir plus serein ou plus aimant. Cela revient à vouloir se conformer à un idéal sous peine de se sentir médiocre, imparfait, inachevé, bref, indigne d’être aimé : le piège est exactement le même. C’est un vilain tour que l’on se joue à soi-même en s’efforçant de répondre à l’attente supposée des autres, en devenant victime des jugements qu’on leur attribue et en niant avoir créé soi-même tout cela. Voilà comment on se divise et comment on entre en guerre avec soi-même au nom de la paix intérieure. On voudrait même se donner l’image de quelqu’un de joyeux ou paisible alors qu’on se coupe en deux… quand ce n’est pas en quatre ! Et la paix n’est pas au rendez-vous. On ne triche pas avec son âme !

La paix intérieure ne peut venir qu’avec la certitude absolue d’être digne d’être aimé. C’est exactement l’inverse de la névrose - le sentiment d’indignité.

Karin Reuter, Psychologue, Directrice de l’Institut Hoffman France
Michel Savage, Sociologue.

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