Thérapies cognitivo-comportementales


S’engager sur la voie des thérapies cognitivo-comportementales, c’est s’appuyer sur les capacités de chacun à apprendre des compétences nouvelles.
C’est définir concrètement, dans un dialogue constant entre le thérapeute et la personne qui consulte :
- les problèmes rencontrés actuellement,
- les objectifs du traitement,
- les moyens à mettre en oeuvre.

C’est avoir le souci permanent d’évaluer les changements.

D’où viennent les thérapies cognitivo-comportementales ?

C’est en 1913 qu’est né le behaviorisme classique quand Watson a publié un document défendant l’idée que la psychologie avait à se centrer exclusivement sur l’étude des comportements observables selon la méthodologie expérimentale des sciences naturelles. Il s’agissait à cette époque d’étudier les relations entre les stimulations de l’environnement sur un organisme et les réponses de cet organisme. Pour Watson, la notion centrale était celle d’apprentissage : tous les comportements, même complexes, pouvaient s’expliquer par la combinaison de réponses élémentaires apprises par conditionnement.

Le terme "behavior therapy" est apparu en 1953, et a été traduit officiellement par "thérapie comportementale" à l’occasion de la fondation de l’Association française de thérapie comportementale en 1972.

Les thérapies cognitivo-comportementales de nos jours :

Aujourd’hui, nous parlons des thérapies cognitivo-comportementales. En effet, la démarche expérimentale du comportementalisme centrée exclusivement sur les comportements observables a été progressivement complétée par l’approche cognitive, qui a intégré dans les modèles théoriques et dans les techniques les mécanismes de pensées et de raisonnement. En même temps, un important courant de recherche s’est développé afin de prendre également en compte les phénomènes non-conscients et émotionnels.

Mais quelle que soit la tendance dominante (plutôt cognitive ou plutôt comportementale), la théorie de référence privilégiée ou les techniques utilisées, c’est toujours la méthodologie expérimentale qui unit les différentes pratiques : le recueil des faits, leur organisation en hypothèses testables, l’élaboration de stratégies spécifiques ainsi que le souci de vérifier systématiquement les résultats obtenus.

La pratique :

Il s’agit d’un travail qui porte sur ce qui fait problème, directement et concrètement, à la personne. Trois niveaux sont le plus souvent envisagés : le comportement, les pensées, les émotions.

Le dialogue entre patient et thérapeute, dans lequel chacun prend une part active, vise à se mettre d’accord sur différents éléments.

D’abord le problème est mis en perspective. Il est relié à l’histoire et à l’environnement de la personne qui consulte. Différentes hypothèses explicatives sont émises quant à l’apparition du trouble et quant aux facteurs de maintien de ce trouble.

Ensuite, en fonction de ces hypothèses globales, un problème-cible est identifié. Il est l’objet d’une analyse fine. La personne apprend à observer et à objectiver très concrètement le problème, ses conditions d’apparition, ses conséquences. Par exemple, il s’agit de compléter des grilles d’observation des comportements ou des échelles d’anxiété. Ces observations sont réalisées au début et tout au long du traitement. Elles permettent de bien cerner ce qui se passe réellement et aussi de suivre l’évolution et les effets du traitement.

Puis, toujours dans un échange constant entre le thérapeute et la personne, des tâches spécifiques et progressives en fonction du but à atteindre sont élaborées. Il s’agira par exemple de se confronter progressivement, en imagination d’abord, en réalité ensuite, à des situations provoquant gêne et anxiété, après avoir appris une technique de relaxation. Ou encore, après avoir identifié des croyances auto-dévalorisantes et des pensées dénigrantes et amoindrissantes, il s’agira de réaliser des exercices permettant d’aller vers les autres, de s’affirmer face à des interlocuteurs perçus comme menaçants ou impressionnants et d’ainsi progressivement modifier ses compétences relationnelles.
Certains réduisent l’approche cognitivo-comportementale à une série de techniques et imaginent qu’il suffit de les appliquer comme des recettes de cuisine. Ce serait passer à côté d’une étape essentielle de la démarche qui est l’analyse et la mise en perspective globale du problème dans son contexte.

Tout au long du traitement, des évaluations sont réalisées et permettent de réajuster l’analyse et les hypothèses de départ, les techniques utilisées, les exercices proposés. Ainsi, le thérapeute et la personne qui consulte savent en permanence où elles en sont dans le traitement, à la fois par rapport au problème qui est à l’origine de la consultation et par rapport aux objectifs déterminés ensemble.

La relation avec le thérapeute en thérapie comportementale ?

Elle est caractérisée par ses aspects structurés et actifs, de part et d’autre. Le thérapeute s’exprime, interroge, propose des hypothèses et des stratégies thérapeutiques. Un élément essentiel est de se mettre d’accord sur les objectifs de la thérapie et sur les moyens utilisés. La perspective générale est d’accroître l’efficacité de la personne qui consulte face au problème qu’elle rencontre.

La collaboration dans le cadre de la thérapie peut s’élaborer au travers d’un contrat thérapeutique qui est négocié entre le thérapeute et la personne. Outre les effets motivationnels et thérapeutiques d’un tel accord, il s’agit là d’une garantie et d’une manifestation de respect de la personne en spécifiant de manière claire les modalités et les limites de l’intervention envisagée. Aborder explicitement les différents aspects du travail thérapeutique est une démarche éthique essentielle afin d’éviter aux personnes en demande d’aide de se trouver embarquées dans un processus qu’elles ne maîtrisent pas.

Les indications :

Historiquement, les psychothérapies cognitivo-comportementales ont d’abord été utilisées principalement dans les troubles anxieux. Les recherches ont été poursuivies et actuellement un vaste ensemble de techniques permet d’apporter des réponses thérapeutiques efficaces dans de nombreuses situations.

Les psychothérapies cognitivo-comportementales sont toujours particulièrement indiquées dans les troubles anxieux et les troubles de l’humeur : phobies (simple, sociale), troubles obsessionnels (rituels, vérifications, ruminations obsédantes), crises d’angoisse ou de panique, gestion du stress quotidien, anxiété généralisée, dépression, trouble de stress post-traumatique, déficit au niveau de l’affirmation de soi, difficultés relationnelles...

Les troubles du contrôle (tics, tabagisme, jeu pathologique, hyperactivité...) ont également été l’objet d’études, ainsi que les troubles sexuels, les troubles de l’alimentation (boulimie, anorexie). Un champ de développement des thérapies comportementales a abordé les troubles psycho-somatiques (migraines, douleur chronique,...).

Citons encore l’utilisation de l’approche comportementale en thérapie de couple, ainsi qu’en milieu scolaire, institutionnel ou hospitalier.

Les thérapies cognitivo-comportementales sont aussi indiquées pour différents troubles apparaissant durant l’enfance (phobie scolaire, énurésie, comportements sociaux difficiles, autisme).

Les modalités d’accompagnement peuvent être l’entretien individuel mais
également la participation à des groupes thérapeutiques (p.ex. : programmes d’affirmation de soi, de gestion du stress,...) ou à des programmes spécifiquement destinés aux familles.

La formation des thérapeutes :

La majorité des psychothérapeutes comportementalistes sont psychiatres ou psychologues et ont suivi une spécialisation en thérapie comportementale après leur formation de base. L’Association pour l’Etude, la Modification et la Thérapie du Comportement (A.E.M.T.C.) regroupe les comportementalistes francophones de Belgique. Cette association est membre de la Fédération Belge des Psychologues (F.B.P.).

Sources et références bibliographiques
- Fontaine O., Cottraux J., Ladouceur R. "Cliniques de thérapie comportementale", Mardaga, Liège, 1989.
- Fontaine O., Cottraux J., Ladouceur R. "Thérapie comportementale et cognitive", Masson, Paris, 1992.
-  Huber W. "Les psychothérapies. Quelle thérapie pour quel patient ?", Paris, Nathan, 1993.
-  Van Rillaer J. "La gestion de soi, Liège", Mardaga, 1992.
-  Van Rillaer J. "Les thérapies comportementales", Paris, Editions Bernet-Danilo, 1998.

Marc Minet, Psychologue et psychothérapeute

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