Le massage comme chemin d’évolution

Par Isabel Verhaeghe de Naeyer


Le massage comme chemin d'évolution

Le toucher est le plus essentiel – par son caractère indispensable mais aussi par son lien à l’Essence - de tous nos sens. La peau est d’ailleurs le premier de tous les organes à se développer ainsi que le plus grand en taille et en importance. Nos 160 à 190 cm2 d’enveloppe corporelle contiennent 640.000 récepteurs tactiles connectés au cerveau par plus de 500.000 nerfs. C’est dire si en touchant la peau on atteint l’esprit et tout ce qui s’y loge de conscient ou d’inconscient.

De la conscience de Soi à la création de lien

Il est possible de vivre sans la vue, l’odorat, l’ouïe, et même le goût. Ce n’est ni agréable, ni confortable. Cela peut même comporter des risques, mais on peut s’en accommoder. De l’absence de toucher, non. De nombreuses études démontrent que les nouveaux-nés qui ne sont pas touchés ne se développent pas normalement, que ce soit physiquement, intellectuellement, psychologiquement ou socialement. C’est en effet le contact physique qui nous permet de réaliser, en tout premier lieu, que nous avons un corps, avec une forme bien définie, des contours marqués, une texture… Que ce corps, qui contient notre structure squelettique, nos organes, est une partie de nous.

Ainsi, c’est le fait d’être touché qui amène la conscience du Soi. Et ce n’est qu’à partir de cette conscience de notre existence que nous pouvons créer des liens : entre nous-mêmes et notre corps, entre l’intérieur et l’extérieur de soi, avec l’autre, avec le monde… Et dans ce monde où tout est focalisé sur le visuel, et où les contacts sont de plus en plus virtuels, le toucher est plus ou moins bien vu. Or, Pour avoir de vraies relations, pour développer une intimité avec quelqu’un, il faut accepter d’être touché. Touché dans le sens physique (s’embrasser, serrer la main, caresser et être caressé…) comme dans le sens émotionnel. On dit de quelqu’un que l’on apprécie particulièrement « Il me touche ». Une situation, un tableau, un poème, un film, une musique qui nous émeut, nous va droit au cœur nous « touche ». Cela signifie qu’au-delà du corporel, nos émotions, notre âme sont atteintes.

Dans un massage donné avec cette intention, quelque chose de l’ordre du dialogue avec l’âme peut se passer. C’est d’ailleurs ce qui permet de différencier un massage techniquement correct d’une pratique en conscience réellement nourrissante.

Du corps aux émotions

Etre touché physiquement provoque des sensations physiques mais aussi émotionnelles. Le massage est une occasion de les retrouver. Le monde hypercérébral dans lequel nous vivons nous coupe la plupart du temps de nos ressentis. La main qui vient toucher les fait remonter des profondeurs de la psyché, dans environnement favorable où le cerveau n’est pas sollicité. La table de massage est donc l’un des endroits, par excellence où l’on peut s’y reconnecter, voire même les exprimer.

Le massage ramène à soi, atteignant les méandres de l’inconscient par le biais de la main bienveillante, « maternelle » pourrait-on dire du massothérapeute, rappelant le temps béni de la parfaite symbiose avec la mère, dont nous avons tous consciemment ou non la nostalgie. Ce toucher d’acceptation inconditionnelle que prodigue le massothérapeute, en (r)appelant ce sentiment prodigue une vraie réparation à tous ceux qui n’ont pas ou trop peu vécu cette union merveilleuse.

De même, il peut constituer un excellent complément à une psychothérapie pour tous ceux et celles qui éprouvent des difficultés à accepter leur physique, à se laisser toucher ou sont fâchés avec le plaisir pour de multiples raisons. D’autant qu’il est démontré scientifiquement qu’être massé calme l’anxiété et les états dépressifs.
Que l’on aime ou non être touché, il s’agit bien là d’un besoin vital, pas seulement pour les enfants. L’aversion du contact physique signe souvent une peur d’entrer dans une relation intime que ce soit avec soi-même ou avec l’autre. En ce sens, le massage peut être un chemin d’évolution : une réconciliation en douceur avec un toucher bienveillant retisse le lien avec Soi, ouvre à la relation au monde visible et invisible. Le toucher permet de se ressentir en lien avec Soi, avec l’Autre et même avec le Tout.

De la psyché à l’Univers

Et voilà le voyage qui se poursuit à travers d’autres dimensions. En effet, dans de nombreuses cultures le massage possède un caractère sacré, allant même jusqu’à faire partie intégrante de rituels religieux. A Hawaii notamment le massage lomi lomi, issu de la tradition chamanique hawaiienne, commence par des prières et l’invocation des ancêtres. A l’origine, il était donné dans un but de purification et de régénération aussi bien physique que spirituelle, entre autres lors du rituel de passage des adolescents, et était pratiqué sur l’autel de pierre du temple.
On ne s’en étonnera pas puisque le massage a la faculté d’amener dans un état de conscience modifié semblable à celui de la méditation. Il peut donc être l’occasion d’un voyage intérieur. D’une reconnexion avec son Moi profond, son Essence. Et donc avec cette part de divin que nous possédons tous.

Selon l ‘étymologie latine du mot (sacer = séparation), est sacré ce qui a été séparé du monde des hommes : c’est le statut des dieux pour les Romains de l’Antiquité. En Inde, le mot « sanskrit » désignant la langue sacrée signifie… « ce qui est sacré », « ce qui a été préparé pour un rite ». Un aspect rituel et sacré qui peut se retrouver dans la manière qu’a le massothérapeute d’apprêter son lieu de massage, de se préparer soi-même, d’accueillir la personne qui va s’allonger sur la table, etc. Certains mouvements – comme la lemniscate (mouvement en 8 = symbole de l’infini) et la spirale (symbole de la dynamique cyclique ou le souffle de la Vie) recèlent en eux-mêmes cette dimension spirituelle.

De nombreuses philosophies postulent que nous sommes en réalité faits de plusieurs corps (physique, énergétique, émotionnel, … ). Le propre du massage est aussi de les réunifier. Et dans le même temps de nous relier à quelque chose de plus grand que nous, qui nous dépasse, l’Univers entier donc puisque, comme le dit Hubert Reeves, nous sommes tous poussière d’étoile.

La main du massothérapeute, avec douceur et bienveillance, peut donc, par ce toucher particulier emmener la Conscience de celui qu’elle touche dans un voyage progressif à travers toutes ces dimensions.

Etre massé mais aussi masser

Pourquoi apprendre à masser ? Parce qu’il es démontré que le toucher ne profite pas seulement à celui qui le reçoit. Le donneur y trouve aussi son compte. Je peux vous l’affirmer par expérience. Mais on observe également, par exemple, que les femmes dépressives qui multiplient les contacts physiques avec leur enfant, en le prenant souvent dans les bras, en le câlinant, voire en le massant, voient leur état s’améliorer et tissent une meilleure relation avec lui. De même, les personnes âgées qui massent régulièrement des bébés y trouveraient un bénéfice plus grand que si elles étaient massées elles-mêmes. Il n’est donc pas interdit de penser que la réhabilitation du toucher dans nos sociétés peut contribuer à fluidifier et apaiser les rapports humains.

Isabel Verhaeghe de Naeyer


Massothérapeute et activatrice d’évolution
www.jnana-chakshu.be

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