Chronique

Comment aider l’enfant en difficultés d’apprentissage scolaire

Par Jeannine Delgouffre-Van Wetter


Comment aider l'enfant en difficultés d'apprentissage (...)

Voici venu, le temps des premières évaluations scolaires permettant d’apprécier la qualité du travail effectué, le suivi des matières enseignées. Ces bilans sont précieux car ils invitent à repérer les signes de non compréhension ou d’inadaptation, de prévenir le danger d’engrenages pernicieux menant à l’échec.

Je ferai à cet égard une distinction entre les difficultés d’apprentissage et les troubles instrumentaux

I Les difficultés d’apprentissage

Ils s’observent chez des enfants bien équipés sur le plan cognitif et perceptivo-moteur mais qui pour diverses raisons circonstantielles, contextuelles ou affectives ne peuvent bénéficier de bonnes dispositions aux apprentissages.

Je citerai pour exemple et de façon non exhaustive :

  • L’enfant qui change d’école et doit s’ajuster à de nouvelles formes pédagogiques
  • Un environnement scolaire peu incitant, peu soutenant, au cadre trop strict ou au contraire trop laxiste
  • Des conditions d’études instables manquant de constance (changements fréquents de lieux)
  • Un rythme de vie inadapté (trop d’activités extra- scolaires, sans temps de pause, dont les horaires ne laissent pas assez de place à l’étude)

A cela viennent s’ajouter des réactions propres à l’enfant

  • Une aversion pour l’école
  • La peur de l’échec avec comme conséquence l’impossibilité d’utiliser ses capacités
  • Le besoin de jouer plutôt que d’affronter les difficultés
  • Un manque d’autonomie avec le besoin d’une présence régulière des parents pour se mettre à la tâche
  • Des désordres affectifs : un enfant étreint par l’angoisse ne dispose pas de liberté de pensée pour se consacrer à l’école. Des difficultés affectives peuvent interférer et l’empêcher de suivre les cours avec succès.

Ces difficultés sont passagères, elles peuvent survenir à tout moment du cursus et sont réversibles si on y prend garde
L’important est d’en analyser les causes et d’y remédier par des a ménagements appropriés.

Je donnerai ici quelques recommandations utiles :

  • Il faut savoir que l’enfant a besoin d’un cadre de travail fixe et régulier au sein duquel il se sent bien, où il peut se déposer tranquillement pour se mettre en conditions d’étude.
  • Le jeune doit prendre le temps d’accomplir ses devoirs sans précipitation ni surcharge de travail, ce qui nécessite parfois un allègement du programme parascolaire ainsi que des modifications d’horaires trop contraignants : un enfant fatigué n’assimile plus, il s’épuise en vaines répétitions et ne retient rien. Ne perdons pas de vue que le temps de concentration d’un enfant est limitée, que des moments de répit s’avèrent indispensables. Notons encore qu’il est salutaire de planifier les tâches.
  • L’enfant jeune requiert souvent la présence d’un adulte à ses côtés afin de l’épauler dans ses devoirs. L’intérêt que portent les parents à l’école témoigne du sérieux de ses investissements. Cette présence se manifeste surtout dans les premières années primaires et aussi longtemps que nécessaire car il n’est pas judicieux de pousser l’enfant à l’autonomie lorsqu’il n’y est pas prêt.
  • Très fréquemment un enfant en difficultés a tendance à ignorer les obstacles, il adopte des conduites d’évitement, bâcle ses exercices et n’a de cesse que de se réfugier dans des activités divertissantes. Le rôle de l’adulte est de l’amener à affronter le problème, à le rassurer dans ses capacités à pouvoir le surmonter en procédant par étapes.
  • L’échec affecte l’enfant quoiqu’il en montre. Il convient donc de lui faire entendre que l’apprentissage consiste en un processus qui, chez les petits comme chez les grands, impliquent des essais et erreurs et qu’il n’y a pas de honte à se tromper ni de raison d’en éprouver de la culpabilité. L’apprentissage est un processus évolutif qui prend du temps et réclame de la persévérance. Ce n’est aucunement une opération magique par laquelle on sait tout, tout de suite !
  • Un jeune qui craint les reproches, qui redoute les mauvaise notes risque de se bloquer et de perdre ses repères. C’est pourquoi il est prudent de ne pas exercer de pressions sur l’enfant quant aux résultats mais de de se soucier de son rythme d’apprentissage et de ses aptitudes à y répondre. Les enfants ne se développent pas de manière linéaire, ils présentent des poussées maturatives. Un écolier moyen, apparemment besogneux peut devenir un très bon étudiant, c’est une question de temps.

II Les troubles instrumentaux

Touchent l’organisation perceptive, les capacités de représentation des impressions sensorielles, le développement psycho-moteur tels que les troubles de la coordination, la structuration temporo-spatiale, le rythme, les possibilités d’attention et de concentration, la mémoire. Ils se manifestent sous la forme d’une dyslexie, d’une dyscalculie, d’une dysgraphie…
Ils reflètent soit une immaturité développementale temporaire, soit un v trouble cognitif.

Ces difficultés ne signifient pas pour autant que le jeune manque de moyens intellectuels, ni de raisonnement logique, ils indiquent que les outils d’information et de maîtrise cognitive sont partiellement déficitaires.
Des tests spécifiques effectués par des neuropsychologues, des logopèdes ou des psychomotriciens permettent de les détecter et de les évaluer sur une échelle standardisée reprenant les scores moyens obtenus par les enfants du même groupe d’âge. Soit ces troubles sont légers et peuvent être compensés par d’autres canaux sensoriels, soit ils affectent les possibilités d’apprentissage et demandent une prise en charge spécifique : une rééducation du langage oral ou écrit, une stimulation des capacités attentionnelles, une médication prescrite par un neurologue… toutes mesures visant à pallier les insuffisances.
Ces dispositifs sont complétés par des mesures adaptatives à l’école : le placement de l’élève à l’avant de la classe, le port d’un casque pour éviter les interférences, un temps plus long pour lire et répondre aux consignes…
Il est impérieux de pouvoir les diagnostiquer précocement pour écarter l’apparition de retards scolaires conséquents.

Comme j’ai pu le constater au cours de ma longue expérience, ces troubles précoces ne sont cependant pas isolés, ils font partie de la personnalité de l’enfant et participent à sa construction identitaire et affective, aspect souvent ignoré et négligé.

En effet, si ces difficultés se conjuguent à la vie émotionnelle de l’enfant pour imprimer de leurs marques l’ensemble de son fonctionnement, troubles cognitifs et affectifs sont toujours étroitement liés.

Il est, de fait aisé, de concevoir que l’enfant puisse être frustré de ne pas se faire comprendre, d’être inapte à décoder les messages verbaux ou écrits qu’on lui adresse. Sa maladresse suscite également des sentiments d’infériorité et des vexations, sans évoquer les injonctions à se calmer, à écouter, à obéir alors qu’il est incapable de s’y conformer ! Ces vécus sources de blessures et de colère peuvent déclencher des inhibitions ou au contraire des comportements agressifs, excessifs, voire incohérents qui demandent une écoute psychologique appropriée. Dans ces cas, alors que les options rééducatives satisfont pour la plupart aux besoins de l’enfant lorsque les troubles sont modérés, celles-ci se révèlent au contraire inefficaces quand le degré de sensibilité du patient et son taux de réactivité aux frustrations prévalent et ordonnent la prescription d’une psychothérapie.

En cette occurrence, la prise en charge se doit d’être globale en tenant compte de tous les aspects de la personnalité de l’enfant, tant au niveau perceptivo-moteur qu’affectif ; ce type de traitement précède les rééducations plus strictement cognitives vu que les débordements affectifs empêchent tout apprentissage.

Lorsque l’enfant est apaisé et qu’il gagne en confiance en soi, un travail rééducatif s’avère possible parce que le jeune patient devient réceptif aux propositions psycho- pédagogiques.

En conclusion, je dirais que l’important est d’accompagner l’enfant dans son devenir en restant attentif à son développement et à ses besoins spécifiques. Il n’est pas toujours facile de départager les causes de ces différents troubles scolaires et le recours à un professionnel averti peut aider à établir le diagnostic et à prévoir les mesures thérapeutiques ad hoc.

Publication proposée par : Delgouffre-Van Wetter Jeanine

Jeannine Delgouffre-Vanwetter est Psychologue clinicienne,
Psychothérapeute d’enfants et adolescents, Psychothérapeute du développement, Psychanalyste (SBP- IPA) * Présidente honoraire de l’IFISAM**

* Société belge de Psychanalyse
International Psychoanalytical Association
** Institut de Formation et d’Intervention en Santé Mentale

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