Trouble du Comportement alimentaire (TCA)

Témoignage d’espoir et de guérison de Vittoria Pazalle sur la souffrance des TCA


Trouble du Comportement alimentaire (TCA)

Peut-être avez-vous un proche souffrant de TCA auprès de vous et vous aimeriez mieux le comprendre ? Vous vivez ces troubles et vous désirez en sortir ? Moi, Vittoria, je peux vous en parler !

J’ai passé les plus belles années de ma jeunesse, soit de 12 à 28 ans, à souffrir d’anorexie, puis de boulimie. Et j’ai entrepris une thérapie qui a duré plus de 3 ans pour m’en sortir.

Actuellement bénévole et face à la détresse que je peux constater chez des personnes concernées et leurs parents et proches, j’ai décidé de témoigner dans un livre. Plus particulièrement, je témoigne pour expliquer le vécu "intérieur" d’une anorexique et d’une boulimique, et surtout pour démontrer que l’obsession de l’apparence n’est que la partie émergée de l’iceberg.

De 12 à 25 ans, période anorexique, ma vie n’a été que contrôle de mon alimentation et de mon corps. En effet, à la suite d’un petit régime, la perte de quelques kilos m’a tant exaltée qu’elle m’a procuré un fabuleux sentiment de puissance. Mais très vite, sans m’en rendre compte, je suis tombée dans un engrenage aliénant.

Avec les années, m’alimenter est devenu une véritable source d’anxiété. Chaque bouchée ingérée était une bouchée d’angoisse et un supplice car je ne pouvais m’empêcher de penser qu’elle deviendrait cette graisse terrifiante, qui s’infiltrerait sous chaque millimètre de ma peau, épaissirait, et immanquablement me déformerait. Même si je savais qu’il m’était indispensable de me nourrir, je me sentais continuellement coupable de le faire. Pour moi, m’abaisser à ce besoin primaire était devenu impossible. Or mon envie de pureté absolue a fini par complètement me dépasser, je n’avais plus la force de vivre, et je suis tombée dans une grave dépression.

Puis de 25 à 28 ans, je me suis vue basculer dans la boulimie : ce tourbillon infernal de l’obsession de la nourriture avec le cercle vicieux du gavage/purification.

Submergée sans relâche par un sentiment de vide, je n’avais trouvé que la nourriture pour tenter de me calmer. Autant dire que j’étais devenue deux personnes. Le jour : métro et boulot où j’étais la gentille, performante et dévouée Vittoria. Mais le soir et les week ends : une autre Vittoria se révélait. Petit animal sauvage et démuni, je m’adonnais à mes crises quotidiennement, voire plusieurs fois par jour en cas d’extrêmes tensions.

Je pensais être proche de la folie car j’avais beau savoir que manger ne réussissait jamais à me combler et m’apaiser, je ne pouvais m’empêcher de le faire. Je me dégoûtais moi-même d’être assujettie à ce besoin incontrôlable qui me faisait me sentir terriblement sale et honteuse.

Et face au chaos total de ma situation, c’est alors que j’ai enfin décidé de demander de l’aide et entreprendre une thérapie.

Ainsi, je voudrais bien faire comprendre qu’au fond des anorexiques et boulimiques se cache un véritable mal être avec de multiples blocages et peurs bien camouflés et étouffés depuis la plus tendre enfance tels que :

- ne pas être parfaits (d’où un sentiment permanent d’insatisfaction) ;

- ne pas être aimés (au point de quêter avidement et continuellement l’approbation d’autrui pour tenter de savoir ce que l’on vaut) ;

- devenir une jeune personne adulte assumant avec son plein potentiel sexuel (soit supporter le regard d’un homme sans peur tout en acceptant de ressentir son propre désir) ;

- responsable (pouvoir s’engager, prendre et assumer des risques sont bien trop lourds à supporter quand on n’a pas confiance en soi) ;

- être jugés, abandonnés, rejetés ;

- échouer, manquer, etc…

Lorsque l’on ne remarque pas ces troubles suffisamment tôt, avec le temps ces maladies provoquent :

- un état de dépendance psychique (anorexique je devais obligatoirement me dépenser et j’étais une véritable droguée de la privation, boulimique je ne pensais qu’à avoir ma dose de nourriture quotidienne, puis à m’en débarrasser, sinon c’était la déchéance) ;

- un déni de la maladie (dans les deux cas, j’avais l’impression d’être possédée par un alien, anorexique avec ce besoin irrépressible de contrôle et ma volonté implacable, je n’avais pas du tout conscience de mon état de complète dénutrition, boulimique je pensais véritablement pouvoir m’en sortir toute seule) ;

- un total repli sur soi avec notamment la peur du monde extérieur et des autres d’où l’isolement, voire la solitude totale (anorexique, je me sentais différente et si grave que j’avais fini par m’isoler, boulimique je n’avais que des relations superficielles avec l’extérieur tant j’avais honte de moi) ;

- un profond sentiment de dévalorisation (anorexique face à mon anxiété chronique et mes peurs, je m’étais réfugiée dans le cérébral, boulimique je pensais être nulle, voire la seule personne au monde à être aussi monstrueuse) dissimulé très souvent par de belles performances intellectuelles et une certaine force de travail ;

- un rejet total du corps (anorexique je le percevais comme un fardeau avec de vulgaires fonctions animales (odeurs, sueurs, salives…), boulimique je le vivais comme un immonde amas de graisse) au point d’avoir le sentiment d’être à part ou dédoublée ;

- le déni des émotions (pour ne plus avoir si mal et sembler forte auprès des autres),

- et même la dépression, voire le désir de suicide (à force de ne plus voir d’issue à son mal-être).

C’est ainsi que je livre également quelques clés fondamentales qui m’ont permis de me reconstruire tels que les notions de féminité, la sexualité, la confiance et l’estime de soi, l’affirmation de soi, les rapports familiaux et schémas transmis, la relation à autrui, la gestion des émotions (colère, peine, rancune, humiliation, etc. trop longtemps refoulées) ou la communication.

Par conséquent, à travers mon parcours, j’aimerais faire comprendre que grâce à une thérapie (soit notamment une remise en question complète de certains mécanismes mentaux particulièrement néfastes), il est tout à fait possible d’apprendre à se réconcilier avec son corps, sa tête et son cœur.

Vittoria Pazalle

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