Les constellations familiales, une approche de l’âme

par Annouche Katzeff


"Tout homme tâtonne en vue de remonter à ses origines et c’est ainsi que nous savons qu’il y a commencement, création." (Martin Buber)

LE MOUVEMENT DE L’AME- Un concept abstrait au service des constellations

Lors de la création de ce concept et de la méthode, Bert Hellinger crée un nouveau dictionnaire des mots tels que « conscience » et « âme ».
La conscience est reliée à un attachement, et à une dualité d’appartenance ou d’exclusion. Ce qui s’illustre très bien lorsque l’on différencie la « bonne conscience » de la « mauvaise conscience ».
L’âme quant à elle, crée un espace pour tout le monde, elle ne dépend pas d’attributs moraux ou esthétiques ou autres. Elle se « permet » d’inclure même les meurtriers, les traîtres et autres « méchants ».
Elle est en mesure d ouvrir le cœur afin d’inclure ce qui donnerait « mauvaise conscience ».
Ces mots peuvent être dans les constellations, considérés comme des lentilles de la vie. Le premier faisant référence à la conscience, étant grossissant et le second, parlant de l’âme, un grand angle. Souvent, nous nous en tenons à la conscience au détriment de l’âme.
Or l’âme permet de voir l’entièreté du paysage. L’outil des constellations demande et nécessite l’application de ce grand angle.

De plus, selon Bert Hellinger, ce n’est pas nous qui possédons une âme, mais bien une âme qui nous possède. Elle n’est pas à notre service, elle nous prend à son service, avec notre Moi. Autrement dit : « je » fais partie de mon âme.

En constellation, on parle beaucoup de mettre à l’avant-plan le mouvement de l’âme, mais il ne s’agit pas pour cela de personnifier l’âme. C’est un peu comme si celle-ci se trouvait en retrait d’une scène qu’occuperait essentiellement - et parfois exclusivement voire abusivement - ce à quoi nous nous plaisons à nous identifier, le « je ».
Une fois que le « je » se rend compte qu’ il fait partie de son âme, il peut occuper au sein de celle ci une place plus juste, plus humble.
Or, le mouvement de l’âme dépasse la conscience morale et collective, elle est le possible moteur à la résolution des intrications (nœuds) vers une solution et un apaisement pour le « je ».

Bert Hellinger dit par ailleurs dans le titre d’un de ses livres : « Où le destin agit et l’humilité guérit » *- ce qui illustre ce renoncement à la toute puissance narcissique ; il s’agit ici de s’incliner devant ce que nous appelons « ce qui est plus grand que nous ».

Une personne qui se révolte face à un événement tragique peut être poussé par un désir de vengeance ou habité par une colère pleine d’amertume. Ici, il s’agit du mouvement de l’ego et non du mouvement de l’âme. Dire « oui » à la force de l’histoire- au destin et s’incliner face à cela, c’est reconnaître que les évènements se sont passés mais cela n’empêche pas de prendre position pour œuvrer à ce qu’ils ne se reproduisent plus.

Une mise dans l’espace de représentants d’un groupe humain (famille, clan ou autre) faisant appel à des jeux de rôles et à l’inconscient collectif permet de mettre en lumière ce que l’on appelle les intrications, de reconnaître les déséquilibres de faire appel à nos ressources.
Ce qui nous ramène à la notion de « transformer les liens en les rendants plus fluides, plus élastiques », autrement dit transformer ce qui s’est rigidifié et est devenue « structure » en un « processus » fluide connaissant un début, un apogée et une fin- ce qui permet d’offrir une « résolution » aux situations inachevées, celles-ci se trouvant alors traitées comme des besoins vitaux en souffrance d’accomplissement

Lorsqu’il s’agit d’installer de manière symbolique dans l’espace concret, que l’on nomme en constellation - le Champ - l’image du système familial, par exemple, cela permet aux aspects inconscients de cette image de se révéler.
Quant la personne est dans ses scénarios répétitifs, c’est comme si elle subissait la résonance avec l’image intérieure du système familial. Quant elle y met de la reconnaissance et de la conscience, elle peut sortir du « subir » pour entrer dans « l’agir ».

Cette "mise en scène", que l’on nomme "aufstellen" en constellation, c’est "mettre devant" et ne demande pas d’exagération, de théâtralisation ni d’exubérance. La simple mise en avant du système révèle la mémoire et cela est déjà une remise en mouvement qui va permettre le démantèlement des introjections :
- qu’est-ce que j’ai "avalé" de mon système d’origine sans le savoir ?
- qu’est ce qui me "retient" encore de ce que je porte avec mes ancêtres et qui fait de moi un "enfant fidèle"- intriqué, même parfois emberlificoté ?
- qu’est ce que j’ai "avalé " et bien digéré ?
- qu’est ce que j’ai "avalé" et mal assimilé et qui forme un empêchement à être et à développer mes potentialités ?

C’est une expérimentation qui, tout comme le Hot Seat (en Gestalt-thérapie) fait appel à tous les niveaux de l’être : sensoriel, émotionnel, cognitif, psychique, intuitif et physique.

Lors de cette expérience, nous entrons en résonance avec la mémoire d’où nous venons et par le non agir, simplement en étant complètement Ici- et -Maintenant, nous invitons la mise en évidence de la réponse.
Albrecht Mahr appelle ce non agir « l’oubli de soi instruit » ou encore « l’oubli de soi expérimenté ».

C’est ainsi que le « Champ qui sait » exprime son mouvement, qu’il est recueilli par le thérapeute et le constellant et qu’ils explorent ensemble l’effet de celui-ci. Cela demande souvent plus d’une séance, avec la possibilité de comprendre, « digérer », accueillir, gérer et enraciner tout ce qui émerge et se réorganise, ceci à tous les niveaux de l’être (physique, émotionnel, rationnel, spirituel).

Pour les améreindiens, ce Champ serait comme une INITIPI (du terme : Ini - Souffle, Âme, Psyché et Tipi - maison), une "Maison de l’âme" .
C’est à l’intérieur de ce lieu, dans ce lieu de contact, que le « non-manifesté », le mouvement de l’âme s’explore et cherche un nouvel ordre. Je dis ordre par opposition à confusion, chaos, exclusion et inversion.
Ce point de contact permet de sortir de cette confusion, de ce « désordre » et d’être dans la perception d’un environnement différencié.

Ce qui permet de s’individualiser tout en appartenant- ce qui n’est pas rien !
C’est se reconnaître là et maintenant sans pour autant méconnaître d’où l’on est issu et ce qui, dès lors, nous est dévolu.

- Annouche Katzeff est Psychothérapeute, titulaire d’une maîtrise en Gestalt et Arts-Thérapie. (Membre de la SBG et de l’EAGT).
Elle est formée aux constellations systémiques famillilales et membre du comité de gestion de l’association belge des praticiens en constellations systémiques, la Cofasy.

Publication proposée par : Katzeff Annouche

Annouche Katzeff est Psychothérapeute, titulaire d’une maîtrise en Gestalt et Arts-Thérapie. (Membre de la SBG et de l’EAGT). Elle est formée aux constellations systémiques famillilales et membre du comité de gestion de l’association belge des praticiens en constellations systémiques, la Cofasy.

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