Boulimie


Boulimie

Tout d’abord, il faut bien différencier la boulimie de l’anorexie.
Arrêtons de toujours associer : "boulimie-anorexie" ! Ce sont deux maux bien distincts.

S’il est vrai que l’un et l’autre ont un rapport avec la nourriture et la dépendance (aux gens, entre autres), les symptômes de la boulimie sont radicalement différents de ceux de l’anorexie.

La boulimie est dramatique. Insidieuse. Elle touche toutes les catégories sociales et tous les âges. Les femmes plus que les hommes, mais ces derniers ne sont pas épargnés.
C’est un réel mal de vivre et une énorme souffrance, dont personne ne soupçonne la gravité, car le symptôme est : ne rien montrer et ne rien dire. N’inquiéter personne et faire semblant que tout va bien, toujours !
Des suicides existent.
Comme rien ne transparaît du malaise, (ou presque, car certaines boulimiques peuvent être d’une maigreur excessive comme les anorexiques), il n’y a pas de main qui peut se tendre spontanément, puisque personne ne se doute de rien !
La plupart des gens ont tendance à considérer la boulimie comme étant de moindre importance, la nourriture n’est pas un produit dangereux !
Alors que c’est un calvaire incessant. Une obsession qui ne quitte pas un instant la personne.

Cette souffrance se vit dans la honte et la solitude les plus totales.
La boulimie s’apparente avec les problèmes d’alcool, de jeux, de drogue, de tabac, d’achats compulsifs et de cleptomanie.
C’est l’enfer que tout "accro" connaît.
Les personnes atteintes de boulimie sont de vraies toxicomanes. Elles pourraient tuer père et mère pour avoir leur "dose de bouffe".
Tout le monde peut, malheureusement, être touché par ce mal. Ca arrive, comme ça, sans prévenir. C’est impalpable. On se dit "ce n’est rien, j’ai qu’à arrêter de manger" et ces "y’a qu’à" sont impossibles à mettre en pratique. Pourquoi ? On n’en sait rien. Alors on cherche la réponse. Et c’est un tourbillon de questions-réponses dans la tête. Persuadé qu’on arrivera à sortir seul de "ce truc pas si terrible que ça".

C’est alors un autre cercle infernal qui débute : celui de la solitude.On n’en parle à personne "puisque ce n’est rien !". Et rien ne s’améliore, au contraire. Là, la honte (et la culpabilité) commence à prendre sa place. Honte de ne pas arriver à décrocher de quelque chose d’aussi inoffensif, honte de se voir s’empiffrer, honte vis-à-vis des 3/4 de la planète qui meurent de faim, honte de ce stade oral infantile, honte de ne pas se sentir comme les autres, honte d’être "faible". Et plus la honte grandit et moins on va chercher de l’aide et plus on s’enfonce.
Ca peut durer 30, 40 ans de silence sans que quiconque ne soupçonne quoique ce soit.
Des grands-mères respectables, des jeunes cadres dynamiques, hommes et femmes, les adolescentes et maintenant les enfants.
La boulimie cache un malaise profond.

CE PROBLEME VA-T-IL EN AUGMENTANT ?

Malheureusement, oui.
Est-ce "la faute de notre société" ? Fort probablement.
Nous vivons dans le paraître et la performance. Il faut toujours faire mieux et plus vite.
Un homme se retrouve coincé, grâce aux magazines !, tout comme les femmes, à se retrouver enfermés dans un stéréotype du "mâle musclé et bronzé".
La peur du chômage peut avoir sa part de "responsabilité" : poussé à travailler de plus en plus, il n’y a plus de place pour la vie privée, pour s’occuper de soi, être avec ses enfants, son conjoint, ses passions.
Tout va très vite aussi : les téléphones portables, l’informatique, les trains à grande vitesse, les plats surgelés, le four à micro-ondes, etc.
On ne prend plus le temps de faire les choses et d’être avec les gens. On ne montre surtout pas quand on a des états d’âme : c’est signe de faiblesse ! Et on ne se parle plus.
Se raccrocher à la nourriture est un moyen "pratique" : ça ne se voit pas. Et tout le monde y a accès !
L’augmentation galopante de l’obésité chez les enfants est une vraie alerte. Ecoutons-la et faisons-en quelque chose ! Ne mettons pas seulement nos enfants au sport et au régime, mais regardons réellement ce qui se passe !

FAUT-IL SE FAIRE VOMIR POUR ETRE CONSIDERE COMME BOULIMIQUE ?

Non !
Un mauvais rapport avec la nourriture est signe d’un vrai malaise.Il peut s’agir autant d’une personne obèse, que de quelqu’un qui se fait vomir ou d’une personne obsédée par 3 kilos à perdre. Les moyens d"exorciser" la nourriture, ce malaise, a plusieurs formes : faire du sport à outrance, se mettre au régime continuellement(le fameux yo-yo), passer par la période de jeûne et la période de sur-alimentation ou encore se laisser grossir.
L’obsession de la nourriture est l’arbre qui cache la forêt. L’important est d’aller voir ce qui se passe DANS la forêt.
Les régimes ? Ils focalisent sur cet arbre et, par conséquent, lui font prendre une place telle, qu’ils cachent la forêt qui se trouve derrière ! Ils sont donc à bannir.
D’ailleurs, ce symptôme obsessionel est bien souvent déclenché par les régimes !
En d’autres termes, les régimes focalisent sur le paraître, alors qu’il faut s’intéresser à l’être ! (Dans les 2 sens du terme !)

QUELLES THERAPIES ONT FAIT LEUR PREUVE ?

Les seules thérapies efficaces à long terme sont celles qui s’intéressent à l’homme holistique.
L’être humain n’est pas coupé en deux, avec d’un côté : des kilos et de l’autre : la sensibilité. Donc, intéressons-nous à la personne dans sa globalité !
Jusqu’à ce jour, il n’y a pas une thérapie en particulier qui à fait ses preuves plus qu’une autre. Ce problème de dépendance est si complexe.
Il y a le moment, les gens, le lieu, la thérapie.
C’est pour cela que bien souvent, avant de trouver LA thérapie qui convient, c’est souvent le parcours du combattant.
Les psychothérapies dites "traditionnelles" sont une première étape : toutes les questions peuvent enfin espérer des réponses. Le risque est de rester dans la tête.

Les thérapies cognito-comportementales ont un petit plus : elles associent la tête et le ressenti, mais elles peuvent aussi représenter un danger, celui de rester axé sur la nourriture.
La Gestalt, quant à elle, a ceci d’intéressant : elle regarde la personne toute entière, dans le moment présent. Et elle invite la personne à ressentir ses besoins et à les vivre : plutôt que d’étouffer ses émotions sous une énorme couche de nourriture, autorisons-nous à exprimer ce que nous ressentons sur le moment. La Gestalt (ré)apprend à s’écouter. A redevenir uni entre sa tête et son corps. Dans les cas de boulimie, le problème se règle sans parler de nourriture.

Tout ce qui vient d’être dit est mon point de vue d’ancienne boulimique et de Gestalt-praticienne. Ce sont mes conclusions suite à mes expériences professionnelle et personnelle.
Le moyen d’arriver à sortir de cet enfer est propre à chacun : psychothérapie, cognito-comportementale, Gestalt, même la poterie et la boxe thaïlandaise sont thérapeutiques !

La vraie question est : "Qu’est-ce qui ne va pas dans ma vie ?". Tout simplement.

Sophie Poget Markevitch
Gestalt-praticienne à Lausanne
www.boulimia.ch

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